Cerveau
Les acouphènes affecteraient les facultés cognitives
Une équipe de chercheurs a établi un lien entre les acouphènes et un déclin des fonctions cognitives, renforçant l’importance de préserver son audition pour protéger son cerveau.

- Par Stanislas Deve
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- Yurii Yarema / istock
Ce bourdonnement persistant dans les oreilles n’est pas qu’une nuisance sonore. D’après une recherche parue dans la revue Frontiers in Neurology, les personnes souffrant d’acouphènes obtiennent de moins bons scores aux tests de fonction cognitive que celles qui n’en souffrent pas. "On observe une corrélation significative entre les acouphènes et les troubles cognitifs, ce qui concorde avec les études précédentes", affirment les auteurs dans un communiqué.
Des troubles auditifs pas si anodins
Les acouphènes se manifestent par des sons (sifflements, bourdonnements, grésillements) perçus en l’absence de source sonore externe. "D’origine neurosensorielle, ils résultent d’anomalies du fonctionnement de la voie auditive, de la périphérie (oreille) jusqu’au cortex", souvent causées par des lésions de l’oreille interne ou des fibres nerveuses auditives, selon l’Inserm. En France, on estime qu’environ 16 millions de personnes souffrent de ces bruits fantômes, dont 2 à 4 millions de façon permanente. Il n’existe pour l’heure aucun traitement curatif.
Au-delà des troubles du sommeil, de l’anxiété et de la dépression qu’ils peuvent entraîner, les acouphènes semblent donc aussi affecter nos fonctions cognitives. C’est la conclusion d’une équipe de chercheurs chinois de l’Université de Heilongjiang, après avoir analysé les données de 684 participants issus de la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey).
Dans le détail, les participants ont passé plusieurs tests, dont le DSST (Digit Symbol Substitution Test) et l’AFT (Animal Fluency Test), deux examens de référence en matière d’évaluation des capacités mentales. Les résultats sont sans appel : "Les personnes souffrant d’acouphènes ont obtenu des scores AFT et DSST plus faibles que le groupe sain, ce qui indique une diminution des fonctions cognitives", peut-on lire dans le communiqué.
Protéger son ouïe pour préserver son cerveau
Cette découverte n’est pas un cas isolé. Une étude de 2021, menée sur plus de 80.000 Britanniques et parue dans la revue Alzheimer's & Dementia, avait déjà établi un lien entre les troubles auditifs dans un environnement bruyant et un risque accru de développer une démence. Preuve que la perte auditive, souvent banalisée car liée au vieillissement, pourrait donc avoir des répercussions profondes sur le fonctionnement du cerveau.
En l’absence de remède contre les acouphènes, la prévention reste essentielle. Porter des protections auditives lorsqu’on est exposé au bruit, consulter un spécialiste en cas de troubles de l’ouïe, et favoriser le dépistage précoce sont autant de gestes importants pour protéger ses oreilles. Les chercheurs suggèrent même que les tests auditifs pourraient devenir un outil efficace de dépistage précoce de la démence.