Santé mentale
Dépression, bipolarité : les maladies auto-immunes doubleraient le risque
Vivre avec une maladie auto-immune est lié à un risque presque doublé de troubles de santé mentale comme la dépression, l'anxiété ou la bipolarité.

- Par Sophie Raffin
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- torwai/istock
Polyarthrite rhumatoïde, MICI, lupus, sclérose en plaques, psoriasis… les maladies auto-immunes n'impactent pas uniquement la santé physique, elles peuvent aussi peser sur la santé mentale. Une nouvelle étude, publiée dans la revue BMJ Mental Health le 10 juin 2025, révèle qu’avoir une pathologie auto-immune est lié un risque presque doublé de dépression, d'anxiété généralisée et de trouble bipolaire.
Maladie auto-immune : plus de risque de dépression, d’anxiété et de trouble bipolaire
Pour mieux comprendre l’impact des maladies auto-immunes sur la santé mentale, les chercheurs de l’université d'Édimbourg ont repris les données de 1,5 million de participants de l'enquête "Our Future Health". Parmi eux, 37.808 volontaires souffraient d’une maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde, maladie de Basedow, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, lupus, sclérose en plaques, psoriasis). L’analyse des dossiers a révélé que la prévalence des troubles de l’humeur était plus élevée chez les personnes touchées par une de ces pathologies que la population générale. Elle était de 29 % contre 18 %. Il en était de même pour la dépression et l’anxiété avec des taux de respectivement 25,5 % et 21 % (contre 15 % et 12,5 %).
La prévalence globale du trouble bipolaire était beaucoup plus faible que les autres troubles psychiques. Toutefois, elle était significativement plus élevée chez les patients atteints d’une maladie auto-immune : un peu moins de 1 % contre 0,5 %.
"Dans l’ensemble, le risque de chacun des troubles affectifs était presque deux fois plus élevé (87 à 97 % plus élevé) chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes, et restait élevé même après ajustement pour des facteurs potentiellement influents, notamment l’âge, le revenu du ménage et les antécédents psychiatriques des parents", notent les chercheurs dans leur communiqué.L’exposition chronique à l’inflammation systémique causée par la maladie auto-immune pourrait expliquer les associations observées, avancent-ils.
Santé mentale et maladie auto-immune : les risques sont plus élevés chez les femmes
L’autre constat de l'étude : les femmes souffrant d’une maladie auto-immune ont un risque plus élevé de présenter un trouble psychique que les hommes souffrant de la même affection (32 % contre 21 %). Pour le moment, les scientifiques n’ont pas déterminé précisément les causes de cet écart. Mais ils ajoutent : "les théories suggèrent que les hormones sexuelles, les facteurs chromosomiques et les différences dans les anticorps circulants peuvent en partie expliquer ces différences entre les sexes".
"Les femmes (mais pas les hommes) souffrant de dépression présentent des concentrations accrues de cytokines circulantes et de réactifs de phase aiguë par rapport à leurs homologues non déprimés. Il est donc possible que les femmes soient confrontées à des difficultés cumulées, liées à une fréquence accrue de l'auto-immunité et à des effets plus marqués des réponses immunitaires sur la santé mentale, ce qui explique la prévalence nettement plus élevée des troubles affectifs observée dans cette étude", ajoutent-ils.Face à leurs résultats, les chercheurs estiment qu’il serait intéressant de dépister régulièrement les patients souffrant d’une maladie auto-immune pour des problèmes de santé mentale, en particulier les femmes, pour offrir une prise en charge rapide. Ils comptent également poursuivre leurs recherches pour identifier des facteurs biologiques ou sociaux (comme la douleur, la fatigue, un sommeil perturbé ou l’isolement) pouvant représenter “des mécanismes potentiellement modifiables” reliant les maladies auto-immunes et les troubles affectifs.