Discriminations

Inégalités d'accès aux soins : qui sont les patients laissés pour compte ?

Un rapport de la Défenseure des droits dénonce les discriminations persistantes dans les parcours de soins. Les femmes, les minorités, les personnes handicapées ou précaires sont particulièrement touchées.

  • Chalongrat Chuvaree / istock
  • 06 Mai 2025
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    Refus de soins, douleurs minimisées, consultations bâclées : en France, derrière la promesse d'un accès aux soins pour tous, de nombreuses personnes vivent un parcours médical marqué par la discrimination. C'est ce que dénonce la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans un rapport accablant publié ce mardi 6 mai, intitulé "Prévenir les discriminations dans les parcours de soins : un enjeu d'égalité".

    Des discriminations systémiques et banalisées

    Le document révèle que les femmes, les personnes perçues comme non-blanches, celles en situation de handicap, précaires ou vivant à la rue, sont particulièrement concernées. "Si les refus d'accès aux soins restent la forme la plus connue et manifeste, les discriminations peuvent survenir à toutes les étapes de la prise en charge", souligne l’autorité indépendante chargée de veiller au respect des droits en France. Ces discriminations se manifestent par des refus de rendez-vous (sans motif valable), des retards, des actes non consentis ou encore des propos stigmatisants. En 2022, 224 plaintes ont été déposées devant les ordres professionnels et l’Assurance Maladie, et 31 réclamations envoyées à la Défenseure des droits.

    Aux urgences, la sous-évaluation de la douleur des femmes, notamment jeunes et d'origine étrangère, est récurrente. "La douleur est soit minimisée, soit renvoyée à une supposée anxiété ou à une souffrance psychologique dissimulée", dénonce le rapport. Ce n’est pas tout : le préjugé raciste du "syndrome méditerranéen", selon lequel "les patients nord-africains ou noirs exagèrent leur douleur", entraîne des retards de prise en charge, parfois dramatiques.

    Certaines femmes rapportent même des examens gynécologiques (frottis, pose de stérilet...) réalisés sans consentement explicite. "Ce n'est pas une remise en cause de toute la profession, mais il y a des situations très précises où manifestement il y a des discriminations", affirme Claire Hédon au micro de Franceinfo.

    Mieux former les professionnels de santé

    Les personnes handicapées rencontrent également des obstacles : manque de temps, de formation, locaux inadaptés... Quant aux plus démunis ou aux usagers de drogues, ils peuvent se voir refuser l'accès aux soins en raison de leur apparence ou odeur corporelle. Les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C et ex-ACS) ou de l’Aide médicale de l’Etat (AME) peinent même à obtenir un simple rendez-vous.

    Le rapport préconise une stratégie nationale de lutte contre ces discriminations. Claire Hédon appelle notamment à la création d'un Observatoire national des discriminations en santé, à une meilleure formation des professionnels, à des "sanctions effectives, proportionnées et dissuasives", ainsi qu’à une facilitation des plaintes. "La discrimination est un délit. Nous, on demande juste l'application de la loi", rappelle-t-elle.

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    JDF