Antidote

Il subit 200 morsures de serpent pour développer un anti-venin

Le sang d’un homme ayant été volontairement mordu 200 fois par des serpents a permis de développer un anti-venin efficace pour 13 espèces de reptiles venimeux.

  • DikkyOesin/iStock
  • 04 Mai 2025
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    200, c’est le nombre de fois que l'Américain Tim Friede s’est laissé mordre par des serpents ! Et ce n’est pas tout, il s’est aussi délibérément injecté du venin plus de 700 fois, pendant près de vingt ans. Son but ? Créer sa propre immunité ! Et pour que ce soit vraiment efficace, il a sélectionné les reptiles les plus mortels du monde, comme les cobras, les mambas et les taïpans.

    Contacté par un chercheur pour analyser son sang

    "C'est devenu un mode de vie et j’ai continué à pousser, pousser et pousser aussi fort que je le pouvais pour les gens qui vivent à 12.000 km de moi et qui meurent de morsures de serpent", a indiqué Tim Friede à la BBC.

    Et tous ces efforts ont finalement payé. L'Américain a été contacté par Jacob Glanville, un immunologiste : "Je sais que c’est gênant, mais j’aimerais vraiment examiner un peu de ton sang", lui a dit ce dernier, rapporte CNN. Réponse immédiate de l’intéressé : "Enfin, j’attendais cet appel !"

    40 millilitres de sang pour mettre au point un anti-venin

    Tim Friede a donc accepté de donner un peu de son sang au chercheur : 40 millilitres, pour faire avancer la recherche. Ensuite, les scientifiques ont mélangé les anticorps de l'Américain - dont deux neurotoxines essentielles à la défense humaine contre les morsures de ces reptiles - avec du varespladib, une molécule capable d’inhiber une enzyme présente dans 95 % des morsures de serpent. C’est ainsi qu’ils ont mis au point cet anti-venin.

    En laboratoire, les scientifiques ont testé ce sérum sur des souris ayant été empoisonnées par le venin de 19 espèces. Résultats : pour 13 espèces, les rongeurs étaient totalement immunisés. Pour les 6 autres, ils ne l’étaient que partiellement, entre 20 et 40 %. Les scientifiques en ont donc conclu que l’anti-venin était capable de protéger les souris contre 13 espèces de serpents venimeux. Leurs travaux ont été publiés ce vendredi 2 mai dans la revue Cell

    Jusqu’à présent, les anti-venins n’étaient pas universels mais adaptés à chaque espèce de serpents. Si les prochains essais cliniques confirment ces conclusions, le sang de Tim Friede pourrait donc être à l’origine d’un nouveau type d’anti-venin, efficace contre plusieurs espèces de reptiles. 

    D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), chaque année, 5,4 millions de personnes sont mordues par un serpent dans le monde. Parmi elles, entre 81.410 et 137.880 en meurent.

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    JDF