Diabétologie

Obésité : la chirurgie bariatrique réduit bien la mortalité sur le long terme

Une étude sur 40 ans et près de 22 000 personnes confirme que la chirurgie bariatrique réduit la mortalité globale et la mortalité cardiovasculaire ou de cause diabétique ou cancéreuse, tant chez les femmes que chez les hommes. Le risque de suicide ne doit pas être négligé.

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  • 31 Jan 2023
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    De multiples études rétrospectives et une étude prospective suédoise ont fait état d'une mortalité plus faible, toutes causes confondues, chez les patients après une chirurgie bariatrique, par rapport à des patients dont l'IMC est resté identique et qui n'ont pas subi de chirurgie bariatrique.

    Dans une nouvelle étude, menée sur 40 ans auprès de près de 22 000 personnes ayant subi une chirurgie bariatrique dans l'Utah, la chirurgie bariatrique réduit nettement, et sur le long terme, le risque de décès prématuré, notamment en raison de pathologies liées à l'obésité telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaire. L'étude, publiée dans la revue Obesity, renforce donc les conclusions des recherches antérieures.

    Nette réduction des risques

    Par rapport aux personnes de poids similaire, les personnes ayant subi l'un des quatre types de chirurgie bariatrique ont 16% moins de risques de décéder, toutes causes confondues, selon l'étude. La baisse des décès dus à des maladies déclenchées par l'obésité, comme les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète, est encore plus spectaculaire.

    Les décès dus aux maladies cardiovasculaires ont diminué de 29%, tandis que les décès dus à divers cancers ont diminué de 43%. On a également constaté une baisse de 72% des décès liés au diabète chez les personnes opérées par rapport à celles qui ne l'étaient pas.

    Efficacité aussi chez les hommes

    Habituellement, la plupart des personnes qui ont une chirurgie bariatrique sont des femmes, environ 80%. L'un des points forts de cette nouvelle étude est l'inclusion d'hommes ayant subi cette intervention.

    Toutes causes de décès confondues, la mortalité a été réduite de 14% chez les femmes et de 21% chez les hommes. En outre, les décès dus à des causes connexes, telles que l’infarctus du myocarde, le cancer et le diabète, sont inférieurs de 24% chez les femmes et de 22% chez les hommes après chirurgie bariatrique par rapport à ceux qui n’ont pas subi cette intervention.

    Risque de suicide observé chez les jeunes

    L'une des conclusions inquiétantes de cette nouvelle étude est une augmentation de 2,4% des décès par suicide (IC à 95% : 1,57-3,68 ; p < 0,001), principalement chez les personnes ayant eu une chirurgie bariatrique entre 18 et 34 ans.

    Des études antérieures ont également montré une association entre le risque de suicide et la chirurgie bariatrique, mais les études sur ce type de chirurgie ne sont pas toujours en mesure de déterminer précisément les antécédents psychiatriques des patients. Un conseil intensif avant la chirurgie est généralement requis par les autorités de santé pour toutes les personnes qui subissent cette intervention, mais cela peut ne pas être suffisant.

    Les constatations rapportées dans cette étude sur une augmentation des taux de suicide chez les patients après chirurgie bariatrique à un âge plus jeune (c'est-à-dire entre 18 et 34 ans) devraient conduire à un dépistage psychologique pré-chirurgical et un suivi post-chirurgical plus agressifs, en particulier dans ce groupe d'âge.

    Un recul de 40 ans

    Compte tenu de la persistance de l’effet de la chirurgie bariatrique sur des décennies de suivi, qui a permis de réduire le nombre de décès toutes causes confondues et de réduire le nombre de décès liés aux maladies cardiovasculaires, au cancer et au diabète par rapport à des participants appariés souffrant d'obésité sévère, ces résultats peuvent augmenter encore l'intérêt pour le traitement par chirurgie bariatrique des patients souffrant d'obésité sévère.

    Bien que l’on ne comprenne pas encore totalement pourquoi, ces interventions modifieraient la chimie du cerveau, ce qui pourrait faciliter les modifications du régime alimentaire par la suite. Cette étude est donc l’occasion de rappeler la nécessité de travailler sur les mécanismes physiologiques et biomoléculaires en jeux, ce qui pourrait conduire au développement d’un traitement non chirurgical générateur d’une perte de poids et d’une réduction de la mortalité similaires à celles obtenues avec la chirurgie bariatrique.

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    JDF