Pneumologie

Fibrose pulmonaire idiopathique : une bonne nouvelle mais des points d’attention

Des résultats positifs d’essais de phase 2 ont démontré qu’un inhibiteur de phosphodiestérase 4B parait efficace pour réduire la baisse de CVF au cours des fibroses pulmonaires idiopathiques mais plusieurs points d’attention méritent encore d’être explorés lors de la phase 3. D’après un entretien avec Bruno CRESTANI.

  • 08 Sep 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2022, a démontré l’efficacité d’une phosphodiestérase 4B dans la réduction de la baisse de la capacité vitale forcée au cours des fibroses pulmonaires idiopathiques. Il s’agit d’un essai de phase 2, en double aveugle, traitement versus placebo. Au cours de ce travail, 147 patients ont été inclus. Cinquante d’entre eux ont reçu le placebo et les autres sont bénéficié d’une dose de 18 milligrammes bi- quotidienne de phosphodiestérase 4B (PDE4). Lae critère principal observé a été le baisse de la capacité vitale forcée chez tous les patients, pendant 12 semaines consécutives. Les résultats ont ensuite été évalués par la méthode statistique d’inférence Bayesienne.

    Des résultats encourageants mais des analyses statistiques complexes

    Le professeur Bruno CRESTANI, chef du service de pneumologie de l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, souligne que les résultats de ce travail représente une excellente nouvelle compte tenu de la rareté des études de phase 2 positives lors de l’évaluation d’un traitement contre la fibrose pulmonaire idiopathique, notamment par voie orale. Il rappelle que les PDE4 ne sont pas commercialisés en France et ont déjà été testés pour la BPCO, mais pas pour la fibrose pulmonaire. Cette nouvelle classe médicamenteuse d’inhibiteur de la phosphodiestérase, plus spécifique, pourrait notamment permettre de limiter les effets secondaires digestifs. Cependant, Bruno CRESTANI émet quelques inquiétudes en raison de la méthode statistiques utilisée, extrêmement complexe et nécessitant d’être expert pour la percevoir. Il précise également qu’il s’agit d’une étude de très courte durée et que la baisse de la capacité vitale forcée (CVF) dans le groupe placebo est étonnamment importante, sur les 12 semaines d’observation, qu’ils bénéficient ou pas d’ un autre traitement. En effet, dans le groupe placebo, le déclin moyen de la CVF a été de 80và 90ml en 12 semaines, soit 300 à 500 ml par an. Dans le groupe traité, elle a été en moyenne de 59 ml sur 12 semaines soit  un peu plus de 200 ml par an. Ces patients apparaissent donc plus stables.

    Quid des effets secondaires

    Bruno CRESTANI rappelle que les traitements connus, déjà utilisés dans la prise en charge de la fibrose pulmonaire, tels que la pirfenidone ou le nintédanib, provoquent des troubles digestifs. Au cours de cette étude sur le PDE4, on relève que des troubles digestifs, essentiellement à type de diarrhées, sont apparus deux fois plus souvent dans le groupe traité que dans le groupe placebo. Bruno CRESTANI estime qu’il s’agit là d’un point d’attention important car près de 20% des patients traités ont interrompu l’étude avant la fin en raison de ces effets indésirables.  Il soulève également que le risque suicidaire ne doit pas être négligé et surveillé en fonction des résultats de la phase 3. D’autre part, Bruno CRESTANI précise que deux décès ont été observés sur les 147 patients inclus et que ces deux décès sont survenus au sein du groupe traité, tout en gardant la mesure que ce groupe étaient, en volume, deux fois plus important que le groupe placebo, ce qui ramène le taux relatif de décès à 2 sur 1.

    En conclusion, la positivité de cet essai de phase 2 est une bonne nouvelle pour la prise en charge thérapeutique de la fibrose pulmonaire idiopathique mais des points d’attention doivent encore être soulevés et éclaircis. La phase 3 apportera très certainement plus de précisions…

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    JDF