Gynéco-obstétrique

Cancer du col de l'utérus : une dose de vaccin serait suffisante à court terme

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) revoit sa stratégie de prévention contre le cancer du col de l'utérus et considère qu'une dose de vaccin anti-HPV serait suffisante chez les femmes de moins de 21 ans.

  • Pornpak Khunatorn / istock.
  • 12 Avr 2022
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    Selon l’OMS, une seule dose de vaccin contre le papillomavirus est désormais suffisante pour prévenir le cancer du col de l’utérus chez les femmes de moins de 21 ans, une prise de décision qui fait suite à une étude récente et qui pourrait aider l'OMS a atteindre ses objectifs de 90% des femmes vaccinées.

    Actuellement, seulement 15% des femmes dans le monde sont vaccinées contre le HPV, du fait de la lourdeur et du coût du protocole vaccinal. Or un essai contrôlé randomisé mené auprès de 2 275 femmes au Kenya a montré qu'une dose unique du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) serait très efficace. La norme actuelle pour les femmes est un schéma à trois doses. Les résultats de l'essai KEN-SHE, publiés dans la revue NEJM Evidence.

    Un large essai randomisé

    Dans le cadre de cet essai, des femmes âgées de 15 à 20 ans ont été randomisées en 3 groupes de protocole vaccinal et ont été suivies de décembre 2018 à juin 2021. Pour être éligibles, les femmes devaient être sexuellement actives, ne pas avoir plus de cinq partenaires au cours de leur vie, être séronégatives et ne pas avoir d'antécédents de vaccination contre le HPV. La plupart de celles qui se sont inscrites (57%) avaient entre 15 et 17 ans et la plupart n'ont déclaré qu'un seul partenaire sexuel au cours de leur vie (61%).

    Les participantes ont été réparties au hasard en trois groupes : 760 ont reçu un vaccin bivalent couvrant deux souches de HPV (16/18), ce qui représente 70% des cas, 758 ont reçu un vaccin nonavalent couvrant sept souches de HPV (16/18/31/33/45/52/58), ce qui représente 90% des cas et 757 ont reçu un vaccin protégeant contre la méningite à méningocoques.

    Après 18 mois, le vaccin bivalent était efficace à 97,5% contre les HPV 16/18 et le vaccin nonavalent était efficace à 97,5% contre les HPV 16/18. Le vaccin nonavalent était efficace à 89 % contre les HPV 16/18/31/33/45/52/58. Même si les femmes étaient testées positives pour une souche de HPV, le vaccin les protégeait des autres souches du virus. Les chercheurs ont déclaré que d'autres études devaient être menées pour déterminer la durée d'efficacité du vaccin.

    Deux doses pour les plus de 21 ans

    "Cette nouvelle recommandation d'une dose unique a le potentiel de nous faire progresser plus rapidement vers notre objectif d'avoir 90% des filles vaccinées à l'âge de 15 ans d'ici 2030", a expliqué la docteure Princess Nothemba Simelela, sous-directrice générale de l'OMS, à l’AFP.

    Pour les femmes de plus de 21 ans en revanche, les experts estiment que les deux doses à six mois d'intervalle restent nécessaires. Idem concernant les "personnes immunodéprimées, principalement les personnes atteintes du VIH", à qui il peut même être recommandé l'administration "d'au moins deux, voire trois doses, afin qu'elles soient totalement immunisées", a indiqué le docteur Alejandro Cravioto.

    3 000 décès par an

    En France, chaque année, les virus HPV sont responsables de 6 000 cancers (4 000 pour les femmes, 2 000 pour les hommes) et de 3 000 décès (2 000 pour les femmes et 1 000 pour les hommes), soit autant que les accidents de la route. "Pourtant, nous en parlons beaucoup moins", souligne Coralie Marjollet, présidente de l’association IMAGYN. "Les cancers liés aux HPV sont aujourd’hui les seuls cancers évitables grâce à la vaccination ; et plus la vaccination est initiée tôt, plus le taux de cancer est réduit", précise-t-elle.

    Prise en charge pour les jeunes garçons et les jeunes filles à partir de 11 ans, la vaccination HPV a du mal à décoller : seul un tiers des Françaises agées de 16 ans a reçu un schéma vaccinal complet en 2020. Un chiffre bien en-deçà des taux observés à l’étranger : 80% des jeunes Australiennes sont vaccinées contre le HPV, ainsi que 90% des filles et 70% des garçons en Espagne.

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    JDF