Onco-thoracique

Cancer du poumon PS≥2 : bénéfice clinique et tolérance acceptable de l’immunothérapie

En cas d’immunothérapie seule, en première ligne ou en ligne avancée, dans les cancers du poumon avec un performance statut altéré PS2, un essai clinique montre une tolérance acceptable ainsi qu’un bénéfice à long terme.

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  • 26 Octobre 2020
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    L’immunothérapie est le traitement de première ligne chez les patients atteints d’un CBNPC métastatique sans altération ciblable (en monothérapie ou en association à la chimiothérapie). Cependant le sous-groupe de patients avec un performance statut altéré (PS ≥ 2) n’est pas analysé dans les essais cliniques de phase III d’immunothérapie.

    Or au moment du diagnostic, entre 34% et 48% des patients atteints d’un CBNPC ont un PS de 2-4. Dans le Lancet Respiratory Medicine, Gary Middleton et al. ont présenté les résultats de l’essai PePS2, premier essai prospectif d’immunothérapie (pembrolizumab en monothérapie) chez les patients PS2.

    Un co-critère de jugement principal : bénéfice clinique durable et la toxicité

    Sur les 60 patients évaluables, l’âge médian était de 72 ans, 55% d’hommes et 45% de femmes. Le bénéfice clinique durable (BCD) est défini comme l’obtention d’une réponse complète, d’une réponse partielle ou d’une maladie stable, et ceci au moins jusqu’à 18 semaines. L’incidence du BCD est de 38% chez les patients naïfs de traitement et de 36% chez les patients en ligne avancée. La médiane de PFS est de 4.4 mois (IC 95% 3.3-9.9), et la médiane de survie globale est de 9.8 mois (IC 95% 7.1-14.6).

    Concernant la toxicité, seuls 10% des patients ont interrompu le traitement pour toxicité. La proportion d’évènements indésirables grade 3 à 5 possiblement reliés au pembrolizumab est de 15% (diarrhées, insuffisance rénale aigue, hyperbilirubinémie, mucite, rash, nausées, infection urinaire). Les principaux évènements indésirables de grade 3-4 sont la dyspnée (n=9), l’hyponatrémie (n=5), et l’anorexie (n=4).

    Une évaluation du bénéfice-risque

    Dans cet essai, le nombre de patients est faible (n=60), ce qui limite l’extrapolation des résultats. Le co-critère de jugement principal incluant la toxicité est un élément important dans cette population de patients déjà fragilisée par la maladie ou les comorbidités associées. Nous pouvons tout de même en conclure que l’immunothérapie est relativement bien tolérée chez les patients avec un PS altéré à 2.

    Cependant la courte médiane de PFS à 4,4 mois et la médiane de survie globale à 9,8 mois suggèrent que les stratégies thérapeutiques dans cette population pourraient éventuellement être améliorées. Des essais cliniques sont à venir dans ce contexte (comme l’essai Checkmate 817 évaluant l’ipilimumab associé au nivolumab chez les patients avec de lourdes comorbidités ou un PS altéré, ou l’essai eNERGY testant l’ipillimumab associé au nivolumab chez les patients PS2, tous deux en première ligne métastatique).

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