Pneumologie
Infections pulmonaires : les biomarqueurs de réponse de l’hôte au service du diagnostic
De nouveaux outils de biologie moléculaire s’avèrent utiles pour identifier avec certitude la nature bactérienne ou virale des infections, et mieux cibler le traitement.
- Steven Kenny, East Kent Hospitals, Wellcome Images
Malgré les progrès réalisés dans le diagnostic des agents pathogènes responsables des infections respiratoires aiguës, beaucoup de patients reçoivent encore des traitements antibiotiques inappropriés. Cette situation va sans doute évoluer avec la mise au point d’analyses qui, à partir d’un simple prélèvement sanguin, évaluent les réponses immunes ou inflammatoires de l’hôte et sont capables de déterminer l’absence ou la présence d’une infection par une bactérie, un virus ou par les deux agents.
Une étude réalisées par des chercheurs de la Duke University (Durham, USA) montre que l’analyse de ces biomarqueurs de réponse de l’hôte représente une approche diagnostique efficace pour la prescription des traitements anti-infectieux. Dans cette étude observationnelle de cohorte, réalisée dans un service d’urgence, l’expression des gènes a été recherchée dans le sang de 273 personnes souffrant d’une infection respiratoire aiguë communautaire ou d’une maladie respiratoire non infectieuse, ainsi que chez 44 sujets contrôle en bonne santé.
Des signatures très spécifiques
A partir de cette cohorte, les chercheurs ont pu déterminer un profil d’expression classant la présence des bactéries, des virus et l’absence des uns et des autres. Ils ont validé leurs résultats sur une autre cohorte indépendante pour éviter les biais. Ils ont donc obtenu des signatures très spécifiques pour les infections bactériennes et virales, ainsi que pour les deux agents à la fois. La connaissance de l’expression génique de l’hôte permet un diagnostic précis de l’étiologie et la prescription d’un traitement antibiotique ciblé uniquement sur l’infection bactérienne, alors qu’avec les techniques classiques utilisées actuellement, les médecins ont tendance à donner des antibiotiques dans toutes les situations pour faire face à une éventuelle co-infection bactérienne et virale ou à une surinfection bactérienne.
Aujourd’hui, ces techniques sont assez complexes et coûteuses à mettre en œuvre, mais elles seront beaucoup plus accessibles dans les années à venir et pourront préciser de façon simple le statut d’une infection chez un individu. Par exemple chez des patients hospitalisés pour une pneumonie virale, cette stratégie diagnostique permettra de façon prospective d’éliminer l’origine bactérienne, de déterminer l’étiologie uniquement virale, d’éviter une prescription inutile d’antibiotiques, et mettra en évidence l’intérêt de développer des médicaments antiviraux contre des virus considérés comme assez bénins comme le rhinovirus qui peut être responsable de pneumonie.
D’après un entretien avec le Dr Jérôme Le Goff, Laboratoire de microbiologie, Hôpital Saint-Louis, Paris

Tsalik EL, Henao R, Nichols M, Burke T, Ko ER, McClain MT, et al. Host gene expression classifiers diagnose acute respiratory illness etiology. Sci Transl Med. 20 janv 2016;8(322):322ra11‑322ra11.











