Oncologie
Cancer du poumon à petites cellules : échec de l'immunothérapie d'entretien
L'immunothérapie d'entretien n’améliore pas la survie dans les formes étendues de cancer du poumon à petites cellules, une maladie qui progresse rapidement et où les moyens sont encore limités.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/Istock
L'immunothérapie d'entretien n’améliore pas la survie de la forme étendue du cancer du poumon à petites cellules, selon les derniers résultats de l'étude CheckMate 451 qui a été présentée au Congrès européen du cancer du poumon (ELCC) 2019.
L'étude a recruté 834 patients souffrant de cancer du poumon à petites cellules dans une forme étendue et dont le cancer n'a pas progressé après quatre cycles de chimiothérapie. Les malades ont été randomisés entre immunothérapie combinée, associant le nivolumab et l'ipilimumab, le nivolumab seul ou le placebo. Les patients ont été traités pendant deux ans ou jusqu'à la progression du cancer, la survenue du décès ou une toxicité inacceptable.
Les taux d'effets indésirables sont de 86 % avec l’immunothérapie associant le nivolumab et l'ipilimumab, 61 % avec le nivolumab seul et 50 % avec le placebo. Les taux d'abandon de traitement pour cause de toxicité sont de 31 % avec l'immunothérapie combinée, de 9 % avec le nivolumab seul et de moins de 1 % avec le placebo. Des décès liés au traitement sont survenus chez sept (2,5 %) patients sous nivolumab plus ipilimumab, un patient sous nivolumab et un patient sous placebo.
Sélectionner les patients
Comparativement au placebo, la survie globale n'a pas été prolongée de façon significative avec l'immunothérapie combinée (critère d'évaluation principal) ou avec le nivolumab seul. Selon l'auteur de l'étude, le professeur Taofeek Owonikoko, du Winship Cancer Institute de l'Université Emory à Atlanta, ce résultat est une grande déception. Mais il a ajouté : « Il semblerait que par rapport au placebo, il ait fallu plus de temps pour que le cancer progresse chez les patients qui ont reçu, soit une immunothérapie combinée, soit le nivolumab seul. Ce n'était pas le principal critère d'évaluation de l'étude, de sorte que nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives, mais cela montre que cette stratégie pourrait être prometteuse, en particulier chez les patients qui répondent à l'immunothérapie. Le défi sera de savoir comment sélectionner et identifier ces patients puisque les patients qui ont commencé le traitement d'entretien plus tôt après la fin de la chimiothérapie ont semblé en tirer un plus grand bénéfice ».
Rester prudent
Commentant les résultats, le Dr Pilar Garrido, co-présidente de cette édition 20019 du Congrès ELCC, a déclaré : « Ceci semble être la fin de l'histoire de l'immunothérapie d'entretien chez les malades souffrant de cancer du poumon à petites cellules non sélectionnés. Une étude antérieure de moindre envergure s'est également révélée négative.
Bien que les résultats de survie sans progression semblent positifs, la conception de l'étude signifie qu'ils ne peuvent être pris en compte parce que le critère primaire est négatif. En plus de cela, il y a des inquiétudes au sujet des décès et de l'arrêt du traitement à cause de la toxicité ».
Les biomarqueurs prédictifs seront cruciaux pour identifier les patients atteints d'un cancer du poumon à petites cellules qui pourraient être traités par immunothérapie anti-PD1/PD-L1.
Une maladie difficile
Le cancer du poumon à petites cellules est une maladie difficile et la recherche dans ce domaine est particulièrement ardue, en raison notamment de la rapidité avec laquelle la maladie progresse. Environ 60 à 70 % des patients atteints de cancer du poumon à petites cellules ont une maladie étendue au moment du diagnostic, ce qui signifie qu'elle s'est propagée au-delà d'un seul poumon et des ganglions lymphatiques voisins et ne peut être traitée par la radiothérapie seule.
La plupart des malades répondent à la chimiothérapie, mais la durée de la réponse est habituellement courte et le cancer se développe en peu de temps. L'approche standard après une chimiothérapie consiste à attendre que la tumeur se développe avant d'intervenir. Cette étude visait à déterminer si le fait d'agir plus tôt, en administrant une immunothérapie d'entretien après une chimiothérapie réussie, améliorerait la survie globale. A ce stade, il n’y a pas d’argument pour une immunothérapie d’entretien.











