Infectiologie
Gingivites : des bactéries impliquées dans l’Alzheimer et les maladies auto-immunes
Une bactérie responsable des gingivites et des parodontopathies peut se retrouver dans le cerveau et y sécréter des toxines associées à la maladie d’Alzheimer. Le lien existe aussi avec les maladies auto-immunes.
- Dr_Microbe/istock
Les bactéries impliquées dans les parodontopathies peuvent se déplacer dans tout l'organisme, sécrétant des toxines, et augmentant le risque de la maladie d'Alzheimer et des maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde.
Une équipe de chercheurs a démontré la présence de Porphyromonas gingivalis dans des échantillons de cerveau de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et a utilisé des modèles expérimentaux de souris pour montrer que la bactérie peut se déplacer de la bouche au cerveau et y sécréter des toxines.
Une bactérie responsable d’inflammation
Porphyromonas gingivalis est la bactérie impliquée dans la parodontite, la forme la plus évoluée de maladie des gencives. Bien que des études antérieures aient noté la présence de P. gingivalis dans des échantillons de cerveau de patients atteints de la maladie d'Alzheimer, l’étude de l'Université de Louisville offre les preuves les plus solides à ce jour que la bactérie peut réellement contribuer au développement de la maladie d'Alzheimer.
Cette étude a été présentée à la réunion annuelle de l'American Association of Anatomists lors du congrès Experimental Biology 2019, à Orlando, en Floride.
Des Porphyromonas gingivalis dans le cerveau
Dans cette étude, les chercheurs ont comparé des échantillons de cerveau de personnes décédées atteintes ou non de la maladie d'Alzheimer qui avaient à peu près le même âge au moment de leur décès. Ils ont découvert que Porphyromonas gingivalis est souvent retrouvé dans les échantillons de malades atteints de la maladie d'Alzheimer, comme en témoignent l'empreinte génétique de la bactérie et la présence de ses principales toxines, appelées « gingipains ».
Dans des études chez la souris, ils ont, par ailleurs, montré que P. gingivalis peut se déplacer de la bouche au cerveau et que cette migration peut être bloquée par des produits chimiques qui interagissent avec les gingivopathies.
Des inhibiteurs de gingipains
Un médicament expérimental qui bloque les gingipains, connu sous le nom de COR388, est actuellement en essais cliniques de phase 1 dans la maladie d'Alzheimer. L’équipe des chercheurs travaille sur d'autres composés pour bloquer les enzymes-clés associées à P. gingivalis et à d'autres bactéries gingivales dans l'espoir de bloquer leurs actions dans la progression de la maladie d'Alzheimer et d'autres maladies.
La beauté de ces approches par rapport aux antibiotiques, c'est qu'elles ne visent que les agents pathogènes clés, laissant non modifiées les bactéries commensales dont nous avons besoin.
Une bonne hygiène dentaire
Ces nouvelles découvertes soulignent l'importance d'une bonne hygiène dentaire (visites chez le dentiste, brossage des dents, utilisation de fil dentaire) alors que les scientifiques cherchent des moyens de mieux contrôler cette infection bactérienne courante.
« L'hygiène bucco-dentaire est très importante tout au long de notre vie, non seulement pour avoir un beau sourire, mais aussi pour diminuer le risque de nombreuses maladies graves », a déclaré le Pr Jan Potempa, premier auteur et professeur à l'école dentaire de l'Université de Louisville et chef du département de microbiologie de l'Université Jagellon à Cracovie, Pologne.
« Les personnes qui ont des facteurs de risque génétiques les rendant sensibles à la polyarthrite rhumatoïde ou à la maladie d'Alzheimer devraient être extrêmement préoccupées par la prévention des maladies des gencives ».











