Diabétologie
L'intestin : une nouvelle cible thérapeutique contre le diabète
Une nouvelle voie de recherche contre le diabète a été présentée au congrès annuel de la Société Francophone de Diabétologie. La mise à profit de la néoglugogénèse intestinale pourrait contribuer à réguler le taux de sucre dans le sang.
- Steven Kenny, Wellcome Images
« L’intestin a deux façon d’exercer des effets anti-diabète », a rappelé dans son intervention au premier jour du Congrès annuel de la SFD Gilles Mithieux, directeur de recherche au CNRS au sein de l’unité Inserm U1213 Nutrition, diabète et cerveau (Lyon). En premier lieu, l’intestin a la capacité d’utiliser le glucose à des débits très importants ; il contribue d’ailleurs à hauteur de 20 % à la consommation du glucose lorsque le corps est au repos. « Il aide donc à maintenir une glycémie normale », commente Gilles Mithieux. Il s’agit d’un mécanisme largement connu du monde scientifique depuis une dizaine d’années.
Ce que l’on connaît moins, est la capacité de l’intestin à produire du glucose en dehors des repas, à l’image d’autres organes comme le foie ou le rein. Cette synthèse de glucose par l’intestin est appelée néoglucogenèse intestinale. Le glucose produit par cet organe, libéré dans la circulation sanguine, va être détecté par le système nerveux et activer certaines régions du cerveau, notamment au niveau de l’hypothalamus. En retour, plusieurs mécanismes visant à faire baisser la glycémie vont se mettre en place : diminution de la sensation de faim, réduction de la production de glucose par le foie et meilleur « brûlage » des graisses.
Une nouvelle voie de recherche anti-diabète
La néoglucogenèse intestinale constitue ainsi une voie de recherche prometteuse pour développer de nouveaux traitements antidiabétiques. « L’un de nos objectifs est de mettre le doigt sur une molécule capable d’activer la fonction de la néoglucogenèse intestinale chez les patients diabétiques », commente Gilles Mithieux. L’équipe du chercheur travaille sur la thématique de la néoglucogenèse intestinale depuis quelques années. « Pour l’heure, nous avons démontré que la néoglucogenèse intestinale jouait un rôle majeur dans trois situations associées à des bénéfices métaboliques », énumère Gilles Mithieux.
Cela avait été observé chez les personnes soumises à un régime riche en protéines, régime connu pour procurer une sensation de satiété. Plus récemment, le rôle de la néoglucogenèse intestinale a été mis en avant pour expliquer les bénéfices métaboliques de la consommation de fibres. Le mécanisme avait aussi été avancé pour expliquer l’amélioration rapide de la glycémie chez les personnes opérées d’un by-pass gastrique, technique de chirurgie de l’obésité qui consiste à réduire la taille de l’estomac et à « court-circuiter » une partie de l’intestin pour que les aliments soient assimilés en plus petites quantités.
Autant d’éléments qui attestent que la néoglucogenèse intestinale constitue assurément un sujet porteur dans la lutte contre le diabète.











