Pneumologie

Avoir pris des AINS avant une pneumopathie infectieuse expose à des complications

La prise d’AINS avant l’apparition d’une pneumopathie infectieuse communautaire, majore le risque d’apparition de complications pleurales. D’après un entretien avec Damien Basille.

  • 12 Avril 2018
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     L’étude, rétrospective, parue dans l’American Respiratory Journal, s’est basée sur une cohorte danoise de 60 000 patients, issus de bases de données médicales, hospitalisés pour pneumopathie infectieuse communautaire, entre 1997 et 2011. Les complications à type d’abcès ou de pleurésie infectieuse, ont été recherchées. Les résultats ont montré une association forte entre la prise d’AINS avant l’hospitalisation et la survenue de complications pleurales, avec un odds ratio de 2,5. Ces résultats ont été retrouvés aussi bien chez les enfants que les adultes.

    Retard à la prise en charge de la pneumopathie

    Le risque apparait non seulement chez les patients traités au long cours par AINS pour une autre pathologie, mais aussi chez les patients en ayant reçu récemment de façon ponctuelle, en traitement complémentaire de leur pneumopathie. Pour rendre compte de cet effet, Damien Basille, pneumologue au centre hospitalier d’Amiens émet l’hypothèse suivante : les AINS entraineraient un retard à la prise en charge en atténuant les symptômes d’alerte que sont la fièvre et la douleur ; d’autre part, il existerait un risque pharmacologique propre aux AINS, puisque de tels résultats ne sont pas observés avec le paracétamol.

    Pas de place pour les AINS dans les pneumopathies infectieuses 

    Damien Basille précise que même si le risque de complication locale est sans impact sur la mortalité, la recommandation actuelle est qu’il n’y a pas de place pour les AINS dans le traitement des pneumopathies infectieuses, en tout cas,  sans couverture antibiotique. Ceci avait déjà été montré pour les infections ORL et cutanées. Dans cette étude, l’effet-dose n’a pas été démontré, mais il semble qu’ une petite dose d’AINS suffise probablement à entrainer ces complications.

     En conclusion, les AINS ont un effet néfaste sur l’évolution des pneumopathies infectieuses avec un risque accru d’abcès ou d’empyème. Cet effet est plus marqué dans les populations jeunes et en bonne santé, en raison du retard à la prise en charge. La lutte contre l’automédication en cas de fièvre non diagnostiquée reste donc encore d’actualité.

     

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    Damien Basille, pneumologue au centre hospitalier d’Amiens : « Ca confirme un peu ce qui avait été déjà vu ...»

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