Diabétologie

Diabète gestationnel : le capteur glycémique améliore uniquement un score de satisfaction

Chez 302 femmes enceintes diabétiques, le suivi glycémique en continu n’a pas amélioré les issues périnatales par rapport à l’autosurveillance capillaire, bien qu’il soit préféré par les patientes.

  • dragana991/iStock
  • 21 Octobre 2025
  • A A

    Le diabète gestationnel touche jusqu’à 14 % des grossesses et expose à des complications néonatales graves. Jusqu’ici, la référence restait l’autosurveillance glycémique (SMBG) avec piqûres au doigt répétées. L’émergence des capteurs de glucose en continu (rtCGM), utilisés avec succès dans le diabète de type 1, laissait espérer une amélioration du contrôle glycémique pendant la grossesse. L’étude suisse DipGluMo, première étude randomisée de puissance suffisante dans ce contexte, a comparé ces deux méthodes de surveillance afin d’évaluer leur impact sur les issues périnatales.

     

    Des résultats équivalents entre les deux approches

    Entre 2021 et 2024, 302 femmes enceintes présentant un diabète gestationnel ont été randomisées : 156 ont porté un capteur rtCGM (Dexcom G6) tout au long de la grossesse, et 143 ont pratiqué l’autosurveillance classique. Le critère principal composite (nouveau-né macrosome ou > 90ᵉ percentile, hydramnios, hypoglycémie néonatale ou mort fœtale) n’a montré aucune différence significative : 36 % d’événements dans chaque groupe (odds ratio 1,02 ; IC 95 % 0,63–1,66). Les taux de macrosomie (5 % vs 3 %), de prééclampsie (5 % vs 3 %) ou d’hypoglycémie néonatale (6 % dans les deux groupes) étaient également similaires.

    Environ 48 % des femmes ont nécessité une insulinothérapie, légèrement plus fréquente avec rtCGM (55 % vs 45 %). Le « temps dans la cible » glycémique atteignait 92 % avec rtCGM et 97 % avec SMBG à 34–38 semaines. Aucun épisode sévère d’hypoglycémie n’a été rapporté.

    Les effets indésirables étaient rares, principalement des réactions cutanées : six cas (4 %) sous rtCGM, un cas (< 1 %) sous SMBG.

     

    Une méthodologie rigoureuse en vie réelle

    L’essai, ouvert et monocentrique, a été conduit à l’Hôpital universitaire de Berne. Le recrutement ciblait les femmes entre 24 et 28 semaines d’aménorrhée, diagnostiquées selon les critères IADPSG. Le capteur rtCGM mesurait en continu la glycémie dans une plage cible de 3,5–7,8 mmol/L, tandis que le groupe SMBG réalisait six tests capillaires par jour. Le suivi obstétrical était identique dans les deux groupes, avec une très forte adhésion au protocole et 99 % de données complètes.

     

    Préféré des patientes, mais sans bénéfice clinique démontré

    Les participantes ont exprimé une préférence pour rtCGM, jugé plus pratique (score 8,7 / 10 vs 7,2 / 10 pour SMBG). Toutefois, l’absence de gain sur le contrôle glycémique ou les complications obstétricales limite son intérêt clinique immédiat.

    Les auteurs soulignent que le rtCGM pourrait néanmoins simplifier le suivi du diabète gestationnel, notamment chez les patientes peu adhérentes ou dans une approche de télémédecine. De futures études devront évaluer son rapport coût-efficacité et son impact sur le long terme.

     

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.