Neurologie

Sclérose en plaques : traitements de fond et risques infectieux

Une large étude évalue les risques à long terme sous traitement dans la sclérose en plaques, avec un risque infectieux plus élevé sous traitement de haute intensité, et particulièrement les infections à Herpes virus et les infections urinaires ou respiratoires.

  • Chinnapong/istock
  • 23 Novembre 2023
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    Le traitement de la sclérose en plaques repose sur l’utilisation de traitements immunosuppresseurs sélectifs ou à spectre plus large selon les différentes classes thérapeutiques dont nous disposons. Le recours de plus en plus précoce à ces traitements, administrés de manière prolongée, soulève la question des risques notamment sur le plan infectieux.

    A ce sujet, les études pivot qui permettent l’accès au marché du médicament fournissent des données mais sur un nombre limité de patients, sélectionnés notamment en fonction de leurs comorbidités potentielles, et sur une période limitée, ce qui ne correspond pas aux patients recevant le traitement en condition réelle de prescription et les données de vraie vie sont précieuses pour consolider nos connaissances sur ces risques éventuels.

    Une étude cas témoin à grande échelle

    L’équipe d’Annette Langer-Gould (Californie, USA) a publié récemment les résultats d’une étude cas témoins basée sur l’ensemble de la population californienne en se basant sur une interrogation des dossiers médicaux électroniques effectuée sur une période comprise entre janvier 2008 et décembre 20201. L’objectif était d’évaluer le risque infectieux chez des patients atteints de sclérose en plaques, recevant divers traitements immunosuppresseurs, en comparaison à des sujets non traités ou à des témoins.

    Plus de 6600 patients atteints de sclérose en plaques ont été recensés dont environ 2500 recevaient un traitement anti-CD20, 545 un traitement par natalizumab, 300 un traitement par modulateur S1P. Le reste de la population recevait un traitement de plateforme (interféron béta ou acétate de glatiremer) ou n’était pas traité. Ces patients ont été comparés à une population contrôle de plus de 33500 sujets.

    Les patients atteints de sclérose en plaques avaient plus souvent des comorbidités telles qu’un diabète, une obésité ou une maladie respiratoire. Environ 5% des patients avaient été hospitalisés au moins une fois en raison d’une infection dans les 5 années précédant le recueil de données, versus 1.3% dans la population contrôle.

    Risque infectieux plus élevé sous fingolimod et rituximab

    En comparaison à la population contrôle, le risque de survenue d’une infection est significativement plus élevé dans la population SEP, quelle que soit la catégorie de traitement, avec un risque relatif ajusté (RRa) compris entre 1.39 et 1.99.

    Au sein de la population SEP, le risque infectieux est plus élevé chez les patients sous fingolimod (RRa 1.22) et sous rituximab (RRa 1.19) comparativement aux patients sous traitements de plateforme. Le résultat n’est pas significatif pour les patients sous natalizumab.

    En s’intéressant au type d’infection survenant sous traitement, les auteurs soulignent notamment un surrisque d’infection à virus herpès en particulier sous modulateurs S1P, et d’infections urinaires ou respiratoires pour l’ensemble des traitements, sans différence observée entre les différentes classes thérapeutiques.

    Les auteurs ont également confirmé que la présence de comorbidités est associée à une augmentation du risque infectieux global alors que le handicap neurologique lié à la maladie impacte essentiellement le risque d’infection grave, notamment chez des patients dont le score EDSS est supérieur ou égal à 6.5.

    Ces données confirment la nécessité d’intégrer le risque infectieux à la réflexion concernant la stratégie thérapeutique de nos patients. La présence de comorbidités ou d’un handicap neurologique important doit être prise en compte dans l’évaluation du risque infectieux. Par ailleurs, des recommandations spécifiques ont été proposées par la Société Francophone de la Sclérose en plaques pour optimiser la prévention des risques infectieux2.

     

    Référence

    1.Langer-Gould, A. M., Smith, J. B., Gonzales, E. G., Piehl, F. & Li, B. H. Multiple Sclerosis, Disease-Modifying Therapies, and Infections. Neurol. Neuroimmunol. Neuroinflammation 10, e200164 (2023).

     

    2.Papeix, C. et al. Infections and multiple sclerosis: Recommendations from the French Multiple Sclerosis Society. Rev. Neurol. 177, 980–994 (2021).

     

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