Onco-Sein

Cancer de l'ovaire : l'immunothérapie ne passe toujours pas !

Présentée oralement à l'ESMO 2023, l'étude ANITA, évaluant l'adjonction de l'Atézolizumab à la prise en charge standard des cancers de l'ovaire en rechute platine sensible, puis en maintenance avec le Niraparib, ne démontre pas d'amélioration de la survie sans progression.

  • ALIOUI Mohammed Elamine/iStock
  • 06 Nov 2023
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    L'immunothérapie, malgré un rationnel avéré, est en difficulté pour trouver sa place dans la prise en charge des cancers de l'ovaire avec notamment une longue liste d'essais thérapeutiques négatifs : que ce soit en prise en charge précoce via l'essai IMAGYN050, en situation platine résistant avec l’essai JAVELIN, et dernièrement avec la publication de l'essai ATALANTE ne retrouvant aucun bénéfice en survie sans progression quel que soit le statut PDL1.

    Des cancers possiblement pré traités par inhibiteur de PARP

    L'étude ANITA, ne démontre pas de bénéfice en survie sans progression à l'adjonction d'un traitement par Atézolizumab à une bi chimiothérapie à base de sels de platine puis au Niraparib en maintenance, dans les cancers de l'ovaire en rechute platine sensible.

    En pratique, 417 patientes présentant un cancer de l'ovaire en rechute platine sensible, n'ayant pas reçu plus de deux lignes de chimiothérapie précédentes, n'ayant jamais reçu d'immunothérapie au préalable, possiblement prétraitées par inhibiteur de PARP (intervalle libre ≥ 18 mois pour les patientes BRCA mutées, ≥ 12 mois pour les BRCA non mutées), ont été randomisées selon un schéma 1:1 : 208 patientes dans le bras associant 6 cycles d’Atézolizumab (1 200 mg toutes les trois semaines) et doublets de chimiothérapie par Carboplatine et au choix de l'investigateur parmi Paclitaxel, Gemcitabine, Doxorubicine liposomale, puis maintenance par Atézolizumab et Niraparib jusqu’à progression, et 209 dans le bras associant Bi-chimiothérapie/niraparib/placebo. Les patientes étaient stratifiées en fonction de la chimiothérapie reçue (doxorubicine liposomale vs gemcitabine vs paclitaxel), de l'intervalle libre sans platine (6-12 mois vs >12 mois), du statut BRCA (muté vs non muté) et du statut PDL1 (< 1 % vs ≥ 1 % vs non informatif).

    Le critère de jugement principal était la survie sans progression, les critères de jugement secondaire la survie globale, le taux de réponse objective.

    Pas de bénéfice en survie sans progression

    On note un suivi médian de 36 mois. Dans la population, 56 % des patientes du bras expérimental avaient reçu un traitement par Bévacizumab versus 51 % dans le bras standard, 10 % et 12 % respectivement des patientes avaient bénéficié d'un traitement préalable par inhibiteur de PARP, 65 % vs 67 % des patientes avaient un intervalle libre sans sel de platine de plus de 12 mois, 13 % vs 15 % des patientes étaient mutées BRCA, 37 % vs 35 % présentaient une surexpression PDL1. Concernant son critère de jugement principal, l'étude est négative avec l'absence de bénéfice en survie sans progression avec une médiane à 11,2 mois dans le bras expérimental versus 10,1 mois dans le bras standard (HR 0,89 ; IC95 % 0,71-1,10, p = 0,28).

    Ces résultats ne diffèrent pas en analyse en sous-groupes, et notamment en fonction du statut PDL1, avec une médiane de survie sans progression de 12,8 mois dans le bras Atézolizumab versus 11,1 mois dans le bras placebo chez les PDL1 surexprimé. Concernant les critères de jugement secondaires on note un taux de réponse objective de 45 % dans le bras expérimental versus 43 % dans le bras standard.

    Au final, l'immunothérapie n'a jusqu'à maintenant pas prouvé son intérêt dans la prise en charge des cancers de l'ovaire quel que soit le stade. Nous verrons avec la publication des études de première ligne, s’il faut définitivement faire un trait sur le bénéfice potentiel apporté.

     

     

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    JDF