Cardiologie

Insuffisance cardiaque à FE préservée : un agoniste du GLP1 pour l'obèse

La prescription du semaglutide (analogue du GLP-1) chez les insuffisants cardiaques à fonction d’éjection préservée semble bénéfique chez les patients obèses.

  • Ozgu Arslan/iStock
  • 03 Nov 2023
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    Aucun traitement n’avait, jusqu’à ce jour, prouvé son efficacité dans le traitement de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée (IC-FEP) avec obésité associée. Cette pathologie constitue au moins la moitié des patients insuffisants cardiaques. Et pour beaucoup, l’obésité est un facteur de risque cardiovasculaire associé, entrainant ainsi une augmentation de la morbi-mortalité.

    L’étude STEPH-HFpEF (Subjects with Obesity-related Heart Failure with Preserved Ejection Fraction) permet de mettre en évidence une amélioration fonctionnelle significative et une réduction du poids non négligeable chez ce type de patients obèses mais non diabétiques traités par semaglutide, un analogue du GLP-1 à visée anti-diabétique.
     

    STEP-HFpEF : une étude multicentrique internationale en double aveugle

    Pour cette étude internationale randomisée, multicentrique et en double-aveugle, ce sont 529 patients, non diabétiques avec une insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée et un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m2, qui ont reçu un 2,4 mg de semaglutide ou un placebo, une fois par semaine pendant 52 semaines. Ils étaient issus de plusieurs sites (Amérique du nord et du sud, Europe, Asie). 

    Les 2 critères d’évaluation principaux étaient la modification du poids corporel et les changements symptomatiques et fonctionnels observés grâce au Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire (KCCQ-CSS) dont les scores vont de 0 à 100 (les scores les plus élevés indiquant moins de symptômes et de limitations physiques). 

    Les critères secondaires comportaient le changement de la distance effectuée sur le test de marche de 6 minutes, l’évolution du dosage du CRP, ainsi qu’un score composite (Win ratio) comprenant le décès, les poussées d'insuffisance cardiaque et la variation du test de marche 6 minutes et du KCCQ-CSS.
     

    STEP-HFpEF : des résultats encourageants

    L’étude met en évidence une amélioration moyenne du KCCQ-CSS de 16,6 points avec le semaglutide et de 8,7 points avec le placebo, et une diminution moyenne en pourcentage du poids corporel de -13,3 % avec le semaglutide et de -2,6 % avec le placebo. On constate donc une différence de 7,8 points pour le questionnaire et de -10,7 points de pourcentage pour la perte de poids. Les résultats sont donc positifs pour les critères principaux.

    Concernant les critères secondaires, ils sont aussi favorables. En effet, la variation moyenne de la distance de marche de 6 minutes est de 21,5 m avec le semaglutide et de 1,2 m avec le placebo (différence estimée, 20,3 m). Il est constaté également que le semaglutide produit plus de résultats positifs par rapport aux décès et aux décompensations d’insuffisance cardiaque. Et le pourcentage moyen de changement du niveau de CRP observé est de -43,5 % avec le semaglutide et de -7,3 % avec le placebo.

    Des événements indésirables graves ont été rapportés chez 35 participants (13,3 %) dans le groupe semaglutide et 71 (26,7 %) dans le groupe placebo.
    insuffisance

    STEP-HFpEF : des études complémentaires à prévoir

    Cette étude confirme que chez les patients souffrant d'IC-FEP et d'obésité, le traitement par semaglutide (2,4 mg) entraine des réductions plus importantes du poids, des symptômes et des limitations physiques et fonctionnelles, par rapport au placebo.

    Mais d’autres études approfondies sont nécessaires pour confirmer ces données, et notamment évaluer plus précisément la diminution de la morbi-mortalité. Il faut affiner le bénéfice thérapeutique global, permettant ainsi d’élargir les indications thérapeutiques actuellement limitées aux diabétiques de type 2 en France.

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    JDF