Hématologie

Leucémie myélo-monocytaire chronique : la décitabine ne fait pas mieux que l’hydroxyurée

La leucémie myélo-monocytaire chronique est une hémopathie maligne pour laquelle il n’existe pas de standard de traitement. Dans cet essai de phase III randomisé, l’augmentation du taux de réponse obtenu avec un traitement par décitabine par rapport à l’hydroxyurée ne se traduit pas en bénéfice de survie, en raison d’une toxicité importante.

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  • 30 Oct 2023
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    La leucémie myélo-monocytaire chronique (LMMC) est une hémopathie maligne inclassée, à cheval entre syndromes myéloprolifératifs et syndromes myélodysplasiques, pour laquelle il n’existe pas de standard de traitement.

    Cet essai de phase III randomisé a comparé un traitement par décitabine (un agent déméthylant), à un traitement par hydroxyurée (HU), chez les patients avec une LMMC avancée.

    Traitement par decitabine vs hydroxyurée

    Les patients avec un nouveau diagnostic de LMMC ont été randomisés pour recevoir soit un traitement par décitabine (20 mg/m2/j de J1 à J5, intraveineuse) ou par hydroxyurée (1 à 4 g/j, per os), en cycles de 28 jours. Au total, 170 patients ont été inclus : 84 ont reçu de la décitabine, et 86 de l’hydroxyurée.

    L’âge médian dans chacun des deux bras était de 72 ans et 74 ans ; la leucocytose médiane était de 32,5 et 31,2 G/L ; 33% et 31% des patients avaient une LMMC-2, respectivement.

    Les taux de réponse sont plus importants avec la décitabine…

    Les patients ont reçu en médiane 5 cycles de décitabine et 6 cycles d’hydroxyurée. Il n’y a pas d’interaction significative entre les facteurs pronostiques classiques (blastose médullaire, taux de plaquettes, taux d’hémoglobine, score CMML) et l’effet du traitement.

    Au total, 53 patients (63%) traités par décitabine ont obtenu une réponse complète, contre 30 patients (35%) traités par HU (P=0.0004). La durée médiane de réponse est similaire entre les deux groupes : décitabine = 16.3 mois vs HU = 17.4 mois ; P=0.90).

    …mais les effets secondaires sont plus fréquents

    Il y a plus d’effets secondaires dans le bras décitabine en comparaison au bras HU : taux d’infections, 69% (n=58) vs 52% (n=45), dont grade 3 ou plus, 33 vs 18% ; toxicité cardiovasculaire, 20% (n=16) vs 7% (n=6) ; décès non liés à une progression, 14 vs 9 patients.

    Absence de bénéfice de survie avec la décitabine

    Le traitement par décitabine diminue le risque de progression ou de transformation en leucémie aiguë myéloïde (95% CI, 0.41 à 0.94; P=0.005). En revanche, le risque de décès toxiques (non liés à une progression de la maladie) est augmenté avec la décitabine (95% CI, 0.82 à 2.9; P= 0.04).

    Ceci se traduit par une absence de différence de survie globale médiane entre les deux bras : 18,4 mois avec la décitabine, vs 21,9 mois avec l’HU (p=0,67).

    Conclusion.

    Le traitement de première ligne par décitabine n’améliore pas la survie sans évènement ni la survie globale chez les patients avec une LMMC avancée en comparaison avec un traitement par hydroxyurée.

    Les taux de réponse sont plus importants avec la décitabine, mais la toxicité est plus importante (cardiovasculaire et infectieuse notamment), ce qui explique l’absence de gain de survie globale.

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    JDF