Diabétologie

Goutte : 2 études confirment les bénéfices larges des inhibiteurs du SGLT2

Une nouvelle étude observationnelle, avec 2 analyses spécifiques, révèle une réduction marquée du risque de goutte chez les malades sous iSGLT2 pour un diabète de type 2. Chez ceux qui avaient déjà une goutte, les iSGLT2 réduiraient le risque de crise de goutte et le risque cardiovasculaire.

  • Aekprachaya Ayuyuen/istock
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  • 03 Jul 2023
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    Les diabétiques de type 2 prenant des inhibiteurs du sodium-glucose cotransporteur-2 (iSGLT-2) voient leur risque de goutte diminuer d'environ 40 à 60% par rapport à trois autres classes d’antidiabétiques généralement associé à la metformine.

    Des tendances similaires ont été observées dans les sous-groupes de patients ayant déjà une goutte : le risque de crise de goutte est également réduit de près de 50%, de même que le risque d’hospitalisation. Le risque d’évènement cardiovasculaire (infarctus ou AVC) serait également réduit de 30 à 50%.

    Ces résultats sont issus d’une étude observationnelle sur près de 100 000 patients, avec 2 sous-analyses en fonction des patients, et présentée lors de la réunion annuelle 2023 de l’European Alliance of Associations for Rheumatology (EULAR).

    Efficacité sur l’uricémie et la goutte

    Avec des données couvrant quelque 100 000 patients atteints de diabète de type 2 et près de 8000 ayant également une crise de goutte, en Colombie-Britannique, le rapport de risque (HR) pour d’apparition d’une goutte après l'initiation d’un iSGLT2 est de 0,54 (IC à 95 % : 0,39, 0,74) par rapport à un iDPP-4 (parmi n=27 791 patients atteints de diabète de type 2), de 0,39 (0,24, 0,39) par rapport à un iDPP-4 (parmi n=27 791 patients atteints de DT2). 39 (0,24, 0,62) pour le SGLT2i par rapport à un aGLP1 (n=19 875), et 0,61 (0,46, 0,80) pour un SGLT2i par rapport aux sulfonylurées (n=71 625). Les résultats sont cohérents, indépendamment du sexe, de l'âge ou de l'utilisation initiale de diurétiques.

    Le taux de crise de goutte est plus faible chez les patients traités par iSGLT2 (52,4 événements pour 1000 personnes-années) que chez les patients traités par iDPP4 (79,7 événements pour 1000 personnes-années) : rapport de taux (RR) 0,66 (IC 95 % : 0,57, 0,75) et différence de taux (RD) -27,4 (-36,0, -18,7). Le RR et le RD pour les poussées nécessitant une hospitalisation ou une visite aux urgences sont respectivement de 0,52 (0,32, 0,84) et de -3,4 (-5,8, -0,9). Les résultats sont cohérents indépendamment du sexe, de l'âge, de l'intensité initiale de la goutte ou du diurétique.

    Des bénéfices pléiotropiques

    Le rapport de risque (HR) et le RD est de 0,69 (0,54, 0,88) et -7,6 (-12,4, -2,8) pour 1000 personnes-années pour l'infarctus du myocarde et le HR est de 0,81 (0,62, 1,05) pour l’AVC.

    En ce qui concerne les critères du contrôle de l’observance, le risque d'infection génitale était plus élevé chez les patients traités par SGLT2i, comme on pouvait s'y attendre.

    Une très large étude observationnelle

    L'équipe de recherche du Massachusetts General Hospital, à Boston, s'est appuyée sur les données du système de santé de la Colombie-Britannique, dans lequel tous les médicaments délivrés sur ordonnance sont enregistrés avec les données cliniques. Les chercheurs se sont notamment focalisés sur les patients ayant des codes CIM-9/10 pour le diabète et qui ont commencé à prendre des médicaments de deuxième intention (inhibiteurs SGLT-2 ou DPP-4, analogues du GLP-1 ou sulfonylurées) entre 2014 et 2021, alors qu’ils étaient déjà sous metformine.

    Les événements du critère principal indiquant l'apparition de la goutte comprennent les visites aux urgences ou les admissions à l'hôpital pour cause de goutte ou de prescription d'un médicament codé pour la goutte. Chacun des trois groupes de comparaison a apparié les utilisateurs d'iSGLT-2 avec ceux ayant reçu d'autres antidiabétiques en fonction de l'âge, du sexe, de la durée de la maladie, des taux de complications diabétiques majeures et de l'utilisation des soins de santé.

    Des  bénéfices à confirmer dans une étude randomisée

    L'instauration d'un traitement par iSGLT2 chez les patients atteints de diabète de type 2 et traités par metformine est associée à une nette réduction du risque de goutte (prévention primaire), par rapport à l'instauration de toute autre antidiabétique de deuxième intention. Mais l’effet confondant de la metformine, systématiquement utilisée en association, pouvait modifier le résultat. Cette étude confirme le bénéfice des iSGLT2 sur le risque de survenue d’une goutte chez le diabétique de type 2.

    Pour les patients atteints de goutte, les iSGLT2 pourraient offrir des bénéfices pléiotropes au plan cardiovasculaire et au plan de la fréquence des récidives de crises de goutte.

    En plus de ses effets connus sur la réduction de l’uricémie et de ses avantages cardiovasculaires et de survie, les iSGLT2 pourraient réduire considérablement le risque de goutte chez les patients diabétiques qui ont besoin d'un antidiabétique de deuxième ligne en sus de la metformine.

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    JDF