Cardiologie

Troubles psychiatriques : un risque cardiovasculaire majoré avant 40 ans

Les moins de 40 ans qui souffrent de troubles psychologiques auraient un risque plus élevé d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral selon une très large étude.

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  • 22 Mai 2023
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    Une étude publiée le 9 mai 2023 sur le site de l’ESC (European Sociey of cardiology) montre que les patients dans la vingtaine et la trentaine auraient plus de risque d’avoir un infarctus du myocarde (IDM) ou un accident vasculaire cérébral (AVC) s’ils sont atteints de troubles psychiques.

    Elle a en effet démontré que la probabilité de présenter une maladie cardiovasculaire (IDM ou AVC) chez ce type de patients était 3 fois plus élevée que pour ceux indemnes de toute maladie mentale.

    Cette étude portant sur plus de 6,5 millions de personnes, a été effectuée sur des hommes et des femmes âgés de 20 à 39 ans. Parmi eux, 1 sur 8 souffrait d’une maladie mentale (dépression, anxiété, insomnie).

    Une étude coréenne de grande ampleur….

    Cette étude a été effectuées dans le but d’analyser l’association entre les atteintes psychiques et les risques d’infarctus du myocarde (IDM) et d’accident vasculaire cérébral (AVC) en utilisant la base de données du Service National Coréen d'assurance maladie (NHIS) qui compile 6 557 727 adultes jeunes âgés de 20 à 39 ans ayant subi un examen de santé entre 2009 et 2012. Les assurés sociaux coréens inclus avaient un âge moyen de 31 ans et parmi lesquels plus de la moitié (58 %) avaient 30 ans et plus, n’avaient pas d’antécédent d’IDM ni d’AVC.

    Au moins un trouble mental était présent chez 856 927 participants (13,1%). Et parmi eux, 47,9% souffraient d’anxiété, 21,2% présentaient une dépression et 20% une insomnie.

    De plus, 27,9% des participants ayant des problèmes de santé mentale avaient également des troubles somatoformes, tandis que 2,7% souffraient de troubles liés à la consommation de substances, 1,3% de bipolarité, 0,9% de schizophrénie, 0,9% de troubles alimentaires, 0,7% de troubles de la personnalité et 0,4% de troubles de stress post-traumatique.

    L’apparition d’IDM ou d’AVC a été suivie jusqu’en décembre 2018. Au cours de ce suivi médian de 7,6 ans, 16 133 infarctus du myocarde et 10 509 accidents vasculaires cérébraux ont été comptabilisés.

    …qui montrent le rôle de la santé mentale

    L’analyse de l’étude a porté sur l'association entre les troubles mentaux et les résultats cardiovasculaires après ajustement des facteurs susceptibles d'influencer les relations, notamment l'âge, le sexe, l'hypertension artérielle, le diabète, l'hypercholestérolémie, le syndrome métabolique, l'insuffisance rénale chronique, le tabagisme, l'alcool, l'activité physique et les revenus.

    Les personnes inclues dans cette étude et souffrant de troubles mentaux auraient un risque majoré d’IDM de 58% et d’AVC de 42% par rapport aux participants qui ne souffraient d’aucun trouble psychique.

    Plus précisément, l’augmentation du risque d'infarctus du myocarde allait de 3,13 fois chez les personnes souffrant de stress post-traumatique à 1,49 fois pour les troubles somatoformes (2,61 fois pour la schizophrénie, 2,47 pour les troubles liés à l'utilisation de substances, 2,40 pour les troubles bipolaires, 2,29 pour les troubles de la personnalité, 1,97 pour les troubles de l'alimentation, 1,73 pour l'insomnie, 1,72 pour la dépression, 1,53 pour l'anxiété).

    Quant au risque d'accident vasculaire cérébral, il était élevé pour tous les problèmes de santé mentale, à l'exception du syndrome de stress post-traumatique et des troubles de l'alimentation, avec des rapports de risque allant de 1,25 pour les troubles somatoformes à 3,06 pour les troubles de la personnalité (2,95 pour la schizophrénie, 2,64 pour les troubles bipolaires, 2,44 pour les troubles liés à l'utilisation de substances, 1,60 pour la dépression, 1,45 pour l'insomnie, 1,38 pour l'anxiété).

    L’analyse a également portée sur l’âge et le sexe, montrant ainsi que la dépression, l'anxiété, la schizophrénie et les troubles de la personnalité étaient associés à un risque plus élevé d'infarctus du myocarde chez les participants âgés de 20 à 29 ans par rapport à ceux âgés de 30 à 39 ans. Les risques d’IDM et d’AVC chez les personnes atteintes de dépression et d’insomnie étaient plus élevés chez les femmes que chez les hommes.

    Des recommandations à faire évoluer

    Le professeur Eue-Keun Choi (Faculté de médecine de l'université nationale de Séoul), auteur de cette étude en déduit que "Les résultats indiquent que ces personnes devraient faire l'objet de bilans de santé réguliers et prendre des médicaments si nécessaire pour prévenir les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux ».

    Dans cette étude, les comportements liés au mode de vie ne semblent pas expliquer ce risque. Mais, le Pr Eue-Keun précise malgré tout que « Si les comportements liés au mode de vie n'expliquent pas l'excès de risque cardiovasculaire, cela ne signifie pas que des habitudes plus saines n'amélioreraient pas le pronostic. Il convient donc de recommander aux jeunes adultes souffrant de troubles mentaux de modifier leur mode de vie pour améliorer leur santé cardiaque ».

    Il indique également que « Notre étude montre qu'un nombre important de jeunes adultes ont au moins un problème de santé mentale, ce qui peut les prédisposer aux crises cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux. Les recherches futures devraient examiner les avantages cardiovasculaires de la prise en charge des problèmes psychologiques et du suivi de la santé cardiaque dans ce groupe vulnérable ».

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    JDF