Pneumologie

Plaques pleurales : amiante, fibres céramiques réfractaires, laines minérales et autres particules…

Un surrisque de survenue de plaques pleurales chez des sujets d’une cohorte française semble associé à une exposition aux fibres céramiques réfractaires et/ou aux laines minérales, après prise en compte de l’exposition à l’amiante de ces sujets. Même si l’amiante tient un rôle majeur dans la survenue des plaques pleurales, les co-expositions ont un effet modificateur majorant le risque de plaques pleurales. D’après un entretien avec Jean-Claude PAIRON.

  • 04 Mai 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2023 dans Chest, a cherché à évaluer si d’autres facteurs d’expositions pouvaient favoriser la survenue de plaques pleurales chez des sujets exposés à l’amiante. Une cohorte, constituée entre 2002 et 2005, en Normandie Rhône-Alpes et Aquitaine, à la demande du Ministère du Travail et de la Caisse Nationale d’assurance Maladie et incluant 5457 sujets exposés à l’amiante, a donc été utilisée pour ce travail qui a évalué les co-expositions à l’amiante et aux laines minérales, aux fibres céramiques réfractaires (plus rares), ou à la silice (plus ubiquitaire), afin de savoir s’il existe un surrisque de développer des plaques pleurales en cas d’association d’expositions. Au sein de la cohorte, 20% des sujets ont des plaques pleurales. Les auteurs ont réalisé le calcul d’un index d’exposition cumulée, en fonction de la durée et de l’intensité des expositions. Pour les laines minérales, les fibres céramiques réfractaires et la silice, ils ont utilisé une matrice emploi-exposition qui associe automatiquement l’exposition à l’une de ces 3 nuisances en fonction du secteur d’activité et de l’emploi. Cette matrice est indépendante de la déclaration individuelle des sujets. Cet index est exprimé en fibres/ml x années ( ou en mg/m3 x années pour la silice).

     

     

    Des controverses liées à l’amiante et aux plaques pleurales

     

    Le professeur Jean-Claude PAIRON, chef du Service de Pathologies Professionnelles et de l’Environnement du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, et co-auteur de ce travail, rappelle qu’un grand nombre de travaux a déjà été réalisé dans le cadre du suivi de cette cohorte de sujets exposés à l’amiante, afin de valider l’intérêt de la tomodensitométrie et l’évaluation de divers effets sur la santé dans cette population. Il explique que l’affection la plus fréquemment observée chez les sujets exposés à l’amiante sont les plaques pleurales, qui restent des lésions localisées et bénignes mais qui donnent droit à des avantages sociaux et des indemnisations. Jean-Claude PAIRON précise que des interrogations existent encore concernant le surrisque d’autres maladies chez les sujets exposés à l’amiante et porteurs de plaques pleurales. Même si le mésothéliome est une pathologie peu fréquente, un surrisque a été démontré pour l’association plaques pleurales - mésothéliome. Plus récemment, après prise en compte du tabagisme chez les sujets de la cohorte française objet de ce travail, il a aussi été montré un surrisque de cancer bronchique. Jean-Claude PAIRON souligne toutefois que ces derniers résultats sont controversés dans la littérature internationale. Les évaluations à l’étranger ont jusque-là été réalisées à l’aide de simples radiographies mais pas par tomodensitométrie thoracique.

     

     

     Un effet modificateur des laines minérales et des fibres céramiques réfractaires

     

    Jean-Claude PAIRON explique que les résultats de ce travail ont montré qu’il existe une association claire chez les sujets de la cohorte tous exposés à l’amiante, entre l’exposition cumulée aux laines minérales et le risque de survenue de plaques pleurales et que, de plus, une relation dose-effet a été démontrée. Le risque augmente en fonction des quantiles d’exposition cumulée de manière significative. Concernant les fibres céramiques réfractaires, la tendance est la même, mais plus à la limite de la significativité.  En revanche, aucune association avec l’exposition à la silice n’a été retrouvée. Jean-Claude PAIRON précise que les analyses ont été affinées pour mieux répondre à la question sur la relation dose-effet au sujet du risque de plaques pleurales chez les sujets exposés à l’amiante et exposés ou non aux laines minérales. Cette relation dose-effet a été démontrée, ainsi que pour les fibres céramiques réfractaires. Les expositions multiples ont donc un effet modificateur. Ainsi, l’exposition à l’amiante tient toujours un rôle majeur concernant le risque d’observer des plaques pleurales mais il apparait que les co-expositions aux laines minérales et aux fibres céramiques réfractaires majorent ce risque.

     

     

    En conclusion, les co-expositions aux laines minérales, fibres céramiques réfractaires et à l’amiante aggravent le risque d’avoir des plaques pleurales dans cette étude de cohorte française, qui est la première à avoir été réalisée à partir de données tomodensitométriques thoraciques.

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    JDF