Neurologie

Sclérose en plaques : prendre en considération le sexe des malades

Dans la sclérose en plaques (SEP), une nouvelle voie thérapeutique, basée sur les androgènes, pourrait voir le jour, laissant envisager ainsi un effet direct sur la remyélinisation.

  • Artur Plawgo/istock
  • 21 Avr 2023
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    La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune qui touche 3 femmes pour 1 homme.

    C’est la raison pour laquelle une équipe de chercheurs de l’INSERM, de l’unité U1995 « Maladies et hormones du système nerveux », s’est alors intéressée au fait que les femmes produisent comme les hommes des androgènes, mais en toutes petites quantités et a cherché à savoir si ces hormones sexuelles ne joueraient pas un rôle dans cette prédominance féminine de la maladie.

    Un rôle protecteur des androgènes

    Des travaux avaient déjà montré que les androgènes protègeraient les neurones du système nerveux central des hommes atteints de formes récurrentes-rémittentes de sclérose en plaques et pourraient induire une régénération des gaines de myéline détruites chez le mâle, dans des modèles animaux de la maladie.

    Mais restait à connaitre le rôle des petites quantités d’androgènes retrouvées dans le système nerveux central des femmes. Et si ces androgènes, présents à des taux bien plus faibles que chez les hommes, pouvaient aussi avoir un impact sur la progression de la maladie chez les patientes.

    Pour le démontrer, les chercheurs français de l’unité INSERM-Université Paris-Saclay ont travaillé sur des modèles animaux de SEP, mais également sur des tissus de patients issus de banque d’organes.

    Une action sur la régénération de la gaine de myéline

    Ils ont tout d’abord montré que, dans les régions où la myéline était détruite, le récepteur RA (récepteur aux androgènes), serait fortement exprimé dans le tissu nerveux des femmes atteintes de SEP, comme dans celui des souris femelles du modèle animal.

    Or l’expression de ce récepteur RA est pratiquement indétectable chez les hommes atteints de SEP, ainsi que chez les animaux mâles lésés. Ceci témoignerait du fait que, même en faible quantité, les androgènes auraient bien une action métabolique et que cette action pourrait favoriser la régénération de la myéline détruite. En effet, lorsque les signaux transmis par les androgènes sont bloqués dans les souris femelles du modèle animal, cette régénération est réduite de manière significative.

    De plus, les androgènes ayant une activité anti-inflammatoire très importante dans le tissu démyélinisé des souris femelles, ces hormones masculines pourraient être associées à une diminution de l’inflammation locale dans les zones où la myéline est atteinte. La progression de la maladie est considérée comme étroitement liée à l’inflammation des cellules du tissu nerveux.

    Une nouvelle voie thérapeutique ?

    Dans le communiqué de presse de l’INSERM, Elisabeth Traiffort, chercheuse, indique que « Alors que les faibles taux d’androgènes détectés chez les femmes pouvaient laisser présager un rôle mineur pour ces hormones dans la maladie, nous montrons que ce n’est pas le cas. Nos données suggèrent l’utilisation de doses appropriées d’androgènes chez les femmes atteintes de sclérose en plaques et la nécessité de prendre en considération le sexe du patient dans l’approche thérapeutique de cette pathologie et vraisemblablement des autres pathologies mettant en jeu une destruction de la myéline du système nerveux central ».

    Ces travaux suggèrent donc que malgré leur faible concentration chez la femme, les hormones masculines ont un rôle neuroprotecteur, anti-inflammatoire et remyélinisant et qu’ainsi une prise en charge thérapeutique modulée en fonction du sexe du patient serait à envisager. Ouvrant ainsi la voie à une nouvelle catégorie de traitement qui permettrait aux patients d’empêcher l’entrée dans une phase progressive de la maladie.

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    JDF