Onco-Thoracique
Tumeurs broncho-pulmonaires carcinoïdes : le ProGRP comme biomarqueur ?
Les tumeurs neuroendocrines broncho-pulmonaires s’étendent de l’hyperplasie diffuse idiopathique neuroendocrine (appelée DIPNECH) au cancer bronchique à petites cellules (CBPC), en passant par la tumeur carcinoïde typique et atypique.
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Aujourd’hui le diagnostic positif de tumeur carcinoïde repose sur l’analyse histologique d’un échantillon, et est posé en fonction de la morphologie et de l’expression des marqueurs neuro-endocrines en immuno-histo-chimie (chromogranine, synaptophysine, INSM1, ou CD56).
Le nombre de mitoses et la présence de nécrose sont utilisés pour différencier les lésions tumorales carcinoïdes typiques des atypiques. Le KI67 inférieur à 5 % signe la lésion carcinoïde typique, et le KI67 entre 5 et 10 % signe la lésion carcinoïde atypique. Il est important de distinguer ces entités car le pronostic du patient est grandement modifié.
En effet, le taux de survie à 5 ans des patients porteurs d’une tumeur carcinoïde typique versus atypique est de 87 % versus 100 % par exemple. Cependant, les marqueurs neuroendocrines en immuno-histo-chimie sont parfois difficiles d’interprétation.
Des marqueurs radioactifs pour déceler tumeurs carcinoïdes
Les tumeurs carcinoïdes expriment fréquemment des récepteurs à la somatostatine. Le PetScanner appelé Pet-DOTATOC, avec utilisation du gallium 68 (68Ga), permet de visualiser les récepteurs à la somatostatine et donc les lésions carcinoïdes (le 68Ga est un traceur de forte affinité pour les récepteurs de type 2 de la somatostatine).
Cependant toutes les tumeurs n’expriment pas les récepteurs à la somatostatine, et il n’est pas toujours aisé de confirmer le diagnostic de progression / de rechute.
Développement de biomarqueurs sanguins
Des études récentes montrent des avancées dans le domaine des biomarqueurs sanguins. Le peptide ProGRPp est un précurseur neuroendocrine. En 2023, l’équipe de Nisman et al. montre qu’avec un cut-off à 64 pg/mL une valeur supérieure au cut-off dépiste les tumeurs broncho-pulmonaires carcinoïdes avec une sensibilité de 67,4 %, et une spécificité de 96,2 %.
Concernant les DIPNECH, ce dosage de ProGRPp a une sensibilité de 92,3 % dans les tumeurs broncho-pulmonaires carcinoïdes. De plus le dosage de ProGRPp en post-opératoire est associé à la présence d’une maladie résiduelle (p=0,029). D’autres auteurs ont étudié ce même biomarqueur avec un cut-off à 100 pg/mL (Muley et al.) et ont montré qu’un déclin du ProGRPp après 2 cycles de chimiothérapie, par rapport à une valeur détectable en début de prise en charge, était associée à une bonne réponse tumorale.
Pour conclure le ProGRPp semble être un candidat très intéressant pour aider au diagnostic et à la prise en charge des tumeurs carcinoïdes broncho-pulmonaires. Cependant ce marqueur est imparfait, et sans doute d’autres biomarqueurs verront le jour dans les années à venir.











