Pneumologie

Anti-TSLP inhalé : une prouesse technologique à l’abandon

Des résultats encourageants de l'écléralimab, un anti-TSLP inhalé, dans la réduction de l'inflammation bronchique et de la bronchoconstriction dans l'asthme atopique léger ont été démontrés mais d’importants points faibles, dont l’observance, ont mené à l’abandon du produit, pourtant intéressant sur le plan technologique. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 20 Avr 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2023, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer l’efficacité et l’innocuité de l’écéralimab, anti-TSLP utilisé par voie inhalée, dans le traitement de l’asthme atopique. Pour cela , les auteurs ont réalisé des tests de provocation par inhalation d’allergènes chez des sujets souffrant d’asthme atopique léger. Il s’agit d’une étude multicentrique, réalisée au sein de 10 centres canadiens et allemands, randomisée, en double aveugle, traitement versus placebo, pour laquelle 28 sujets, âgés de 18 à 60ans,  ont été inclus. Quinze d’entre eux ont reçu l’anticorps monoclonal par voie inhalée (4 mg d’écléralimab une fois par jour) et treize ont reçu un placebo. L’étude s’est étendue sur une durée de 12 semaines. Le critère principal d’évaluation était la variation du VEMS induite par les allergènes au cours de la réponse tardive et l’efficacité de l’écléralimab, ainsi que son innocuité. La réponse immunitaire précoce était un critère secondaire et exploratoire.

     

    Une prouesse technologique

    Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service de pneumologie générale du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier et auteur de l’éditorial accompagnant cette étude, explique que l’écléralimab par voie inhalée est le concurrent direct du tezepelumbab, utilisé en sous-cutané. Il souligne que l’administration d’un anticorps monoclonal en poudre, par voie inhalée représente une prouesse technologique au banc d’essai des traitements de l’asthme atopique. L’écléralimab a pour action de réduire la deuxième phase de l’asthme, c’est-à-dire la phase inflammatoire ou retardée. L=dans cette étude versus placebo, la voie inhalée s’est montrée efficace dans 20% des cas, donc un résultat à positif à peine significatif, qui est moins bon que les résultats obtenus avec le tezepelumab.

     

    Mais une “no success story”…

    Arnaud BOURDIN précise que le fait de développer un anticorps monoclonal administré par voie inhalé pose un certain nombre de questions. En effet, il a déjà été démontré que les patients sont moins observants avec les traitements inhalés qu’avec les traitements administrés par voie sous-cutanée. D’autre part, la voie inhalée provoque peu d’effets secondaires mais il semblerait que les anti-TSLP par voie sous-cutanée ne présentent aucune toxicité. Enfin, la voie inhalée ne traite pas l’atteinte rhino-sinusienne contrairement à la voie sous cutanée qui traite l’ensemble de l’organisme. Ainsi, Arnaud BOURDIN explqiue que , bien que cette étude ait des résultats positifs, le laboratoire a abandonné le développement du produit inhalé, malgré les importants moyens financiers nécessités pour le développer. Il précise que malgré cela, d’autres laboratoires se lancent dans le développement d’anticorps monoclonaux par voie inhalée mas cela lui semble peu probant. Pour lui, ne pas traiter l’atteinte rhino-sinusienne et ne pas avoir une bonne observance représentent deux gros points faibles…

     

    En conclusion, la prouesse technologique du développement d’anticorps monoclonaux par voie inhalée semble avoir un avenir incertain dans le traitement de l’asthme atopique, en raison du manque d’observance et de traitement de la sphère rhino-sinusienne. Toutefois, l’histoire n’est pas terminée. A suivre…

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    JDF