Gynéco-obstétrique

Grossesse : l'exposition à la chaleur augmente le risque de naissance prématurée

Les femmes exposées à des températures élevées pendant la grossesse auraient plus de risque d’accouchement prématuré, selon une nouvelle étude.

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  • 24 Novembre 2025
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    Pendant la grossesse, les fortes chaleurs sont difficiles à supporter. Mais, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances, elles pourraient même être dangereuses. Les chercheurs ont en effet observé qu’une exposition à des températures élevées était liée à des modifications biologiques spécifiques chez les mères, qui sont elles-mêmes associées à un risque plus élevé de naissance prématurée.

    Plus de naissances prématurées lors des fortes chaleurs

    Avec l'augmentation des températures, nous avons observé une corrélation importante entre le nombre de naissances prématurées et les périodes de fortes chaleurs, explique Donghai Liang, l’un des auteurs, dans un communiqué. Les scientifiques ignorent encore les mécanismes exacts à l'œuvre dans l'organisme. Pourtant, il est essentiel de les comprendre pour développer des moyens efficaces de protéger les mères et les bébés

    Pour mieux les comprendre, les scientifiques ont analysé les échantillons sanguins de 215 femmes enceintes, qui ont ensuite accouché normalement ou de façon prématurée. Toutes vivaient dans la région d'Atlanta, dans l’État de Géorgie. Aux mois de juillet et d'août, la température peut atteindre 32 degrés celsius. 

    Les chercheurs ont ainsi découvert que plusieurs molécules naturellement présentes dans le sang se trouvaient perturbées lorsque les températures étaient élevées. Il s’agissait notamment de la méthionine ou la proline, des acides aminés essentiels et impliqués dans la gestion du stress cellulaire et la production d’énergie. La chaleur impose un effort supplémentaire au métabolisme de la femme qui, soumis à un stress biologique plus intense, est plus à risque de déclencher un accouchement prématuré.

    Nous avons utilisé une technologie métabolomique innovante pour nous concentrer spécifiquement sur les petites molécules, ou 'empreintes moléculaires', comme nous les appelons, et avons découvert pour la première fois que, par temps chaud, le sang des mères présentait des modifications mesurables au niveau de plusieurs molécules et voies métaboliques importantes qui régulent la façon dont l'organisme gère le stress et produit de l'énergie, détaille Donghai Liang. Ces mêmes types de modifications ont également été observés chez les mères ayant accouché prématurément.

    Des biomarqueurs pour identifier les grossesses les plus à risque

    Avec le réchauffement climatique, une meilleure compréhension des liens entre températures élevées et risques d’accouchement prématuré pourrait devenir de plus en plus nécessaire. En effet, les différents scénarios prévus par le GIEC prévoient une hausse de la température mondiale comprise entre moins de 2 °C (si les États respectent l’accord de Paris) et 4,4 °C d'ici 2100, pour les plus pessimistes. 

    En identifiant ces voies métaboliques communes aux fortes chaleurs et aux naissances prématurées, cette étude pourrait ouvrir la voie au développement de biomarqueurs précoces permettant d'identifier les grossesses à risque et d'orienter les stratégies de prévention ou les interventions cliniques pour favoriser des grossesses plus saines”, conclut Donghai Liang.

    En France, 6,9 % des naissances vivantes sont prématurées chaque année, soit environ 55.000 enfants, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

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