Souvenirs
Notre cerveau apprend-il mieux quand on est fatigué ?
Une étude japonaise révèle que le cerveau consolide mieux les souvenirs lorsqu’il est fatigué, en particulier en fin de journée. Un moment propice à l’apprentissage... à condition de respecter aussi ses besoins en sommeil.
- Par Stanislas Deve
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Et si le moment idéal pour apprendre était justement quand vous vous sentez le plus épuisé ? Une étude de l’université de Tohoku (Japon), publiée dans la revue Neuroscience Research, révèle que la capacité du cerveau à consolider les souvenirs suit un cycle journalier très précis. Chez les rats, c’est juste avant le lever du soleil – leur période de repos – que leur cerveau se montre le plus apte à former des souvenirs durables, et ce, malgré une réduction notable de la vigilance.
Des neurones plus lents, mais plus efficaces
En stimulant la zone visuelle du cerveau de rats grâce à l’optogénétique, les chercheurs ont observé des réponses électriques variables selon l’heure de la journée. Ils ont constaté que la période précédant l’aube, marquée par une réduction de l’activité neuronale immédiate, se distinguait paradoxalement par un pic de potentialisation à long terme (LTP), un mécanisme clé de la mémorisation.
Ce phénomène serait en partie lié à l’adénosine, molécule qui s’accumule durant l’éveil et freine l’activité neuronale via les récepteurs A1. Injecter un antagoniste de ces récepteurs juste avant le lever du jour a intensifié la réponse neuronale, preuve du rôle direct de l’adénosine dans la régulation des cycles d'apprentissage. Ce n’est pas tout : des recherches ont montré que l’adénosine pourrait favoriser l’expression de récepteurs NMDA, essentiels à la formation de souvenirs.
Un levier pour mieux apprendre ?
Les rats étant des animaux nocturnes, leur pic de plasticité cognitive intervient à la fin de leur période active. Par analogie, pour l’humain diurne, cette fenêtre idéale pourrait correspondre aux heures du soir, après une journée d’activité. Mais attention : le fait de lutter contre le sommeil pourrait annuler ces bénéfices. "Le cerveau semble moins réactif, mais plus prêt à enregistrer durablement les informations", soulignent les auteurs dans un communiqué.
Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure synchronisation entre nos activités d’apprentissage et nos rythmes biologiques. Chez les étudiants, sportifs ou travailleurs postés, connaître sa période de plasticité maximale pourrait permettre d’optimiser performances et mémorisation.







