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Cancer colorectal : être averti de ses risques n’encourage pas le dépistage

Informer les patients sur leurs risques personnels de cancer colorectal n'augmente pas le taux de dépistage, selon une nouvelle étude.

  • Panuwat Dangsungnoen/istock
  • 17 Septembre 2025
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    "Le dépistage du cancer colorectal est important, car il sauve des vies et n'est pas suffisamment pratiqué, remarque le Dr Peter Schwartz. Seulement 60 % environ des adultes éligibles (aux USA) se font dépister, ce qui entraîne chaque année de nombreuses maladies et décès inutiles."

    Le médecin et directeur du Centre de bioéthique de l'université de l’Indiana a voulu savoir si des informations plus personnalisées sur le dépistage et les risques individuels du cancer colorectal pouvaient améliorer l’adhésion à cet examen. Ses travaux, publiés dans la revue Annals of Internal Medicine, mettent en lumière les difficultés à promouvoir la prévention.

    Cancer colorectal : les informations personnalisées n’incitent pas plus à se faire dépister

    Le cancer colorectal est le 2e cancer le plus meurtrier que cela soit au niveau mondial ou national. Pour tenter de limiter l’emprise de la maladie, des dépistages sont organisés. En France, il est recommandé de le faire tous les 2 ans pour les femmes et les hommes de 50 à 74 ans. Cela même s’ils n’ont pas de symptôme ou d’antécédent. Mais moins de 35 % des personnes ciblées se font dépister.

    Le Dr Peter Schwartz et ses collègues ont voulu savoir si un message lié aux risques personnels plutôt qu’à l’âge serait plus efficace pour conduire les gens à se faire tester. Ils ont ainsi créé un outil de projection des risques.

    Ils ont ensuite réuni 214 professionnels de santé et 1.084 personnes à risque moyen devant subir un dépistage du cancer colorectal. Tous les patients ont reçu un guide de dépistage avant leur rendez-vous chez le médecin, et la moitié d’entre eux avaient en plus des informations personnalisées sur leur risque de cancer colorectal. Les docteurs de leur côté ont été randomisés pour recevoir des notifications les informant de la nécessité d'un dépistage, avec ou sans message personnalisé sur leur risque individuel.

    Les analyses ont révélé que les patients des deux groupes se sont inscrits au dépistage dans les six mois suivant leur rendez-vous chez le médecin à peu près au même rythme. "Ce qui suggère que les messages personnalisés ont eu peu ou pas d’effet sur la prise de décision pendant cette période", concluent les auteurs dans leur communiqué.

    Autre résultat qui intrigue les scientifiques : dans l’un des deux centres de la recherche, une hausse de l'adoption des tests de selles, une option de dépistage moins invasive que la coloscopie, a été observée chez le groupe ayant eu des informations personnalisées.

    Le but de l’étude est "d’aider les gens à comprendre que le dépistage est important"

    "Nombreux sont ceux qui évoquent l'importance de la "prévention personnalisée", c'est-à-dire de fournir aux patients des informations précises sur leur niveau de risque afin d'orienter leurs décisions, notamment en matière de dépistage du cancer", a déclaré Schwartz. "Des théories ont été avancées selon lesquelles le dépistage devrait être axé sur le risque individuel, et non uniquement sur l'âge, car cela permettrait un ciblage plus précis et potentiellement plus rentable."

    Mais l’étude montre que cela ne serait pas vraiment suffisant. "L’une des étapes les plus importantes de toute cette recherche est d’aider les gens à comprendre que le dépistage est important et sauve des vies, ainsi que d’aider les gens et leurs prestataires de soins à comprendre que le dépistage peut être effectué avec plus que la simple coloscopie."

    En France, le kit de dépistage du cancer du côlon et du rectum - à faire à domicile – peut être remis par l’intermédiaire du médecin, le pharmacien ou être commandé en ligne.

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