Arsenic

Réchauffement climatique : le riz deviendra-t-il un poison en 2050 ?

Une étude américaine révèle que le réchauffement climatique pourrait augmenter les niveaux d’arsenic inorganique - un cancérogène avéré - dans le riz, posant un risque sanitaire majeur en Asie d’ici 2050.

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  • 12 Mai 2025
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    Le riz, aliment de base pour des milliards de personnes, pourrait-il devenir une source majeure de maladies ? Une étude récente de la Mailman School of Public Health de l’Université Columbia (Etats-Unis) révèle un lien inquiétant entre changement climatique et augmentation de l’arsenic inorganique – un cancérogène avéré selon l'ONU – dans le riz. Selon les chercheurs, une hausse des températures supérieure à 2 °C combinée à l’augmentation du dioxyde de carbone (CO2) pourrait d’ici 2050 accroître significativement les risques sanitaires liés à la consommation de riz en Asie.

    Un cocktail climatique toxique

    L'étude, publiée dans The Lancet Planetary Health, a analysé les effets conjoints du CO2 et de la température sur 28 variétés de riz pendant dix ans, à l'aide de la méthode FACE (Free-Air CO2 Enrichment). Les chercheurs ont ainsi modélisé les risques pour la santé dans sept pays asiatiques (Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie, Myanmar, Philippines, Vietnam). "Nos résultats suggèrent que cette hausse des niveaux d’arsenic pourrait augmenter significativement l’incidence des maladies cardiaques, du diabète et d’autres effets non cancéreux", explique le Dr Lewis Ziska, chercheur principal de l’étude, dans un communiqué. Il ajoute : "Ces changements pourraient entraîner une hausse substantielle du fardeau mondial du cancer et des maladies cardiovasculaires liées à l’arsenic."

    Le mécanisme est complexe mais connu : les changements climatiques modifient la chimie des sols, favorisant une forme d’arsenic plus facilement absorbée par le riz. Déjà aujourd’hui, "consommer du riz dans des régions comme le sud de la Chine, l’Asie du Sud-Est et l’Asie du Sud constitue une source importante d’arsenic alimentaire et de risque cancérogène", précise Ziska. Parmi les effets d'une exposition chronique à l’arsenic inorganique (iAs), on trouve des cancers du poumon, de la vessie et de la peau, mais aussi des pathologies cardiaques, des troubles du développement neurologique, des effets sur la grossesse ou le système immunitaire.

    Réduire l’exposition à l’arsenic dans le riz

    Les projections indiquent que la Chine pourrait enregistrer à elle seule 13,4 millions de cancers liés à l'arsenic dans le riz d'ici 2050. Face à cette menace, les auteurs proposent des pistes d'action : "sélection végétale pour réduire l’absorption de l’arsenic, amélioration de la gestion des sols, meilleures pratiques de transformation du riz, et campagnes de sensibilisation". "Notre étude souligne l’urgence d’agir pour réduire l’exposition à l’arsenic dans le riz, d’autant plus que le changement climatique continue de menacer la sécurité alimentaire mondiale", conclut Ziska.

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    JDF