Neurologie

Épilepsie : un excès de mortalité mais des décès évitables

Dans l’épilepsie, un doublement du risque de décès prématuré existe même chez les personnes qui n’ont pas de comorbidités. Du fait des disparités ville-campagne ou de différentes causes extérieures, des stratégies de préventions peuvent être mises en place.

  • Madrolly/istock
  • 24 Mar 2023
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    Les personnes atteintes d'épilepsie sont exposées à un risque de décès prématuré qui varie considérablement en fonction de la population étudiée.

    Une nouvelle étude révèle que les personnes atteintes d'épilepsie ont un risque accru de décès prématuré et que ce risque varie en fonction de l'endroit où elles vivent, du nombre de médicaments qu'elles prennent et des autres maladies dont elles peuvent souffrir. L'étude est publiée en ligne dans la revue Neurology.

    Un surrisque de décès à la campagne

    Parmi les participants à l'étude, il y a eu près de 660 000 personnes-années, avec 20 095 décès chez les participants à l'étude, alors que l'on s'attendait à 8 929 décès en population générale.

    En utilisant les personnes-années pour calculer le risque, les études ont montré que les personnes atteintes d'épilepsie ont un risque de décès plus de deux fois supérieur à celui de l'ensemble de la population. Ce risque est encore plus élevé chez les jeunes participants à l'étude et avec un intervalle plus court par rapport au diagnostic.

    En outre, les personnes épileptiques qui vivent en milieu rural auraient un risque de décès augmenté de 247% par rapport à la population générale, tandis que celles vivant en milieu urbain ont un risque accru de 203%.

    Des facteurs de risque mieux identifiés

    Les participants à l'étude qui ne prennent qu'un seul médicament contre les crises d'épilepsie ont un risque de décès accru de 156% par rapport à la population générale, tandis que les personnes qui prennent quatre médicaments contre l'épilepsie ou plus ont un risque presque cinq fois plus élevé.

    Les personnes épileptiques ne souffrant d'aucune autre maladie ou problème de santé ont un risque de décès accru de 161% par rapport à la population générale. En revanche, les personnes épileptiques qui n’ont jamais été hospitalisées ou qui ne l’ont été qu'une seule fois n’ont pas de risque accru de décès prématuré.

    De nombreuses comorbidités

    Parmi les participants à l'étude qui sont décédés, 19% sont morts d'une maladie cérébrovasculaire, soit un risque de décès 4,5 fois supérieur à celui de la population générale, 16% sont morts d'un cancer en dehors du système nerveux central, soit un risque 137% plus élevé, et 7% sont morts d'un cancer du système nerveux central, soit un risque 46 fois plus élevé. Les auteurs notent que ces cancers et maladies cérébrovasculaires sont pour la plupart présumés être des causes sous-jacentes de l'épilepsie.

    En outre, 6% des patients sont décédés d'une pneumonie, 7% de causes externes telles que chutes, accidents et noyades et 2% d'un suicide, soit un risque deux fois plus élevé. L'épilepsie et l'état de mal épileptique ont représenté 2% de l'ensemble des décès.

    Une large étude nationale coréenne

    Pour l'étude, les chercheurs ont utilisé une base de données nationale coréenne sur la santé pour identifier 138 998 personnes nouvellement traitées pour l'épilepsie. Ils ont ensuite examiné le registre national des décès et ont constaté que 20 095 des participants à l'étude étaient décédés au cours de la période de 10 ans couverte par l'étude. L'âge moyen des participants était de 49 ans au début de l'étude.

    Les études ont permis de déterminer les causes de décès des participants. Ils ont également relevé des facteurs tels que l'âge, le sexe, le lieu de résidence et le nombre de médicaments prescrits. Ils ont ensuite calculé les taux de mortalité globaux des participants à l'étude.

    Une surmortalité et des décès évitables

    Cette étude a montré une surmortalité chez les patients épileptiques, même chez ceux qui n'ont pas de comorbidités et ceux qui reçoivent une monothérapie. Les disparités régionales et les risques de décès dus à des causes externes sur une période de dix ans impliquent des points d'intervention potentiels.

    Outre le meilleur contrôle des crises, l'éducation à la prévention des accidents, le dépistage des idées suicidaires et les efforts visant à améliorer l'accessibilité aux soins de l'épilepsie sont nécessaires pour réduire la mortalité.

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    JDF