Cardiologie

Crises de goutte : lien temporel avec des évènements cardiovasculaires aigus

Une étude démontre que les crises de goutte sont associées à une augmentation transitoire du risque d’évènement cardiovasculaire aigu dans les 120 jours qui suivent la crise.

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  • 16 Fév 2023
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    Une étude rétrospective cas-témoins parue dans JAMA incluant 62 574 patients souffrant de goutte et 1421 ayant eu un évènement cardiovasculaire aigu (infarctus du myocarde (IDM) ou accident vasculaire cérébral (AVC)) montre qu’il existe un lien entre augmentation transitoire du risque cardiovasculaire et crise de goutte.

    Un facteur de risque cardiovasculaire ?

    La goutte est maladie chronique due à un excès d’acide urique, relativement fréquente puisqu’elle touche une grande partie de la population (4 % aux Etats-Unis et environ 1 % en Europe), et particulièrement les personnes âgées.

    Dans sa forme articulaire, elle se caractérise par des épisodes récurrents (crises de gouttes) d’arthrite microcristalline inflammatoire aiguë.

    L’inflammation étant un facteur de risque d’athérosclérose, la goutte représenterait un facteur de risque cardiovasculaire, et son rôle dans le déclenchement des épisodes cardiovasculaires aigus est suspecté depuis plusieurs années.

    Une étude rétrospective sur de 60 000 patients anglais…

    Les patients de cette étude, présentée à l’American College of Cardiology, ont été choisis à partir des dossiers médicaux électroniques du Clinical Practice Research Datalink en Angleterre entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2020 (recueil de données anonymes).

    Parmi les patients ayant reçu un diagnostic récent de goutte (âge moyen 76,5 ans, dont 69,3 % d’hommes et 30,7 % de femmes), 10 475 patients qui ont eu un accident cardiovasculaire ultérieur à la crise de goutte ont été comparés à 52 099 patients sans antécédents cardiovasculaires.

    Dans cette étude, les patients ayant eu un évènement cardiovasculaire aigu ont eu également plus souvent une crise de goutte dans les 60 jours précédents (204/10 475 [2,0 %] contre 743/52 099 [1,4 %]) et un peu moins entre 60 et 120 jours précédents ((170/10 475 [1,6 %] contre 628/52 099 [1,2 %]). Il n’y a pas de risque significatif au-delà de 120 jours.

    … qui confirment le rôle de la crise de goutte

    L’étude montre ainsi que les personnes qui ont des antécédents d’accidents cardiovasculaires aigus ont un risque significativement plus élevé d’avoir présenté une crise de goutte au cours de 120 jours précédent (odds ratio [OR] ajusté pour les 0-60 jours, 1,93 ; OR ajusté pour les 61-120 jours, 1,57).

    Pour confirmer cette assertion, l’équipe s’est appuyée sur une deuxième étude basée sur une série de cas auto-contrôlé. Elle comporte 1421 patients ayant eu au moins une crise de goutte et au moins un évènement cardiovasculaire après le diagnostic de goutte sur une période de 720 jours après la crise. Le taux d’incidence des évènements cardiovasculaires observés est de 2,49 pour 1000 personnes-jour dans les 60 jours suivant la crise de goutte, contre 1,32 pour 1000 personnes-jour sur des autres périodes (150 jours avant la crise ou au-delà de six mois après la crise).

    Quel mécanisme en jeu ?

    Tous ces résultats confirment donc qu’il existe bien un lien statistique temporel entre les crises de goutte et la survenue d’un évènement cardiovasculaire aigu (IDM ou AVC) dans les suites de cet épisode goutteux et que cette augmentation du risque est transitoire (dans les 120 jours qui suivent).

    L’inflammation qui accompagne les crises de goutte serait donc un facteur de risque de la survenue d’évènements cardiovasculaires aigus. Cependant, les mécanismes précis de cette association entre crise de goutte et manifestations cardiovasculaires ne sont pas encore connus.

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    JDF