Onco-dermato

Mélanome : maintien à 5 ans des réponses aux thérapies ciblées combinées

Les données à long terme de COLUMBUS, confirment la place des associations de thérapies ciblées par rapport à un anti-BRAF prescrit en monothérapie dans le mélanome avancé. La bonne tolérance de l’association encorafenib-binimetinib renforce l’intérêt de cette stratégie sur le long terme.

  • Malikov Aleksandr/istock
  • 02 Jan 2023
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    Dans le mélanome avancé, les résultats à 5 ans de l'essai randomisé de phase III COLUMBUS ont été publiée dans le Journal of Clinical Oncology. Ils indiquent le maintien à long terme des bénéfices de l’association l'encorafenib-binimetinib pour les patients atteints d'un mélanome muté BRAF V600, non résécable ou métastatique.

    Le suivi à long terme de l’essai randomisé COLUMBUS confirme que les associations de thérapies ciblées améliorent significativement la survie sans progression (SSP) et la survie globale (SG) à 5 ans par rapport au vemurafenib en monothérapie et cette association est numériquement supérieure à l'encorafenib en monothérapie.

    Avec un suivi à 5 ans, aucun nouveau signal de sécurité n'est apparu pour l'association ou pour l'un ou l'autre des groupes de traitement en monothérapie.

    Maintien à 5 ans des taux de réponse

    L'encorafénib associé au binimétinib permet d'obtenir des taux de 23% de SSP et de 35% de SG à 5 ans, contre des taux de 10% et 21% avec le vémurafénib à 5 ans. La SG médiane est de 33,6 mois avec l'association encorafénib-binimétinib, de 16,9 mois avec le vemurafenib et de 23,5 mois avec l'encorafenib. La durée médiane de la réponse est de 18,6 mois avec l'association encorafénib-binimétinib contre 12,3 mois avec le vemurafenib. L'encorafenib en monothérapie est également plus performant que le vemurafenib.

    Les analyses de sous-groupes favorisent systématiquement l'association par rapport au vemurafenib en monothérapie. Avec l'association encorafénib-binimétinib, les patients qui ont un taux de LDH normal au départ ont eu une SSP médiane de 22,0 mois, contre 5,6 mois pour les patients avec un taux de LDH élevé. Les patients qui ont un taux de LDH normal au départ ont eu une SG médiane de 51,7 mois avec l'association, contre 11,4 mois pour les patients qui ont un taux de LDH élevé. Les patients avec une faible charge tumorale ont également eu une SG médiane de 51,7 mois avec l'association encorafenib plus binimetinib. Parmi les patients ayant une faible charge tumorale, la PFS médiane est de 25,9 mois.

    Large étude randomisée sur 5 ans

    L'étude COLUMBUS a porté sur 577 patients atteints d'un mélanome non résécable ou métastatique, non traité ou ayant déjà reçu un traitement systémique, qui ont été randomisés entre l'association encorafenib plus binimetinib, l'encorafenib seul ou le vemurafenib seul. Les critères principaux étaient la SSP et la SG, et de nouvelles analyses ont été effectuées après un suivi médian de 65 mois. La comparaison principale est l'association par rapport au vemurafenib en monothérapie.

    Les résultats actualisés montrent des valeurs médianes de SSP de 14,9 mois avec l'association, de 7,3 mois avec le vemurafenib en monothérapie et de 9,6 mois avec l'encorafenib seul. L'association réduit le risque de progression de la maladie ou de décès de 49% par rapport au vemurafenib (IC à 95% : 0,40-0,67) et de 21% par rapport à l'encorafenib en monothérapie (IC à 95% : 0,61-1,02). L'encorafénib en monothérapie a réduit le risque de progression de 32% par rapport au vémurafénib (IC à 95% : 0,52-0,88).

    Une place de choix en 2ème ligne

    Selon les auteurs : « Globalement, les résultats suggèrent que les différences précliniques et pharmacologiques entre les inhibiteurs de BRAF sont cliniquement significatives. Cette mise à jour sur 5 ans confirme les rapports précédents de PFS et OS prolongés avec le traitement par l’association encorafenib-binimetinib par rapport au traitement par vemurafenib ».

    Selon un éditorial associé du Pr Ryan Sullivan, du Massachusetts General Hospital Cancer Center à Boston, qui a fait une analyse globale avec les résultats des autres études à long terme avec les associations de thérapies ciblées : bien qu'impressionnants, ces résultats, ne détrôneront pas la place des immunothérapies en 1ère ligne de traitement pour le mélanome non résécable ou métastatique, sauf dans certaines circonstances comme les progressions rapides avec risque de décès. Ils doivent par contre être utilisés en 2ème et 3ème ligne chez les patients BRAF-mutés en échec d’immunothérapie.

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    JDF