Pneumologie

Des phénotypes de BPCO mis à l'épreuve d'un suivi longitudinal et de biomarqueurs multiomiques.

Les phénotypes de BPCO présentent des variabilités en matière de progression de la maladie, de comorbidités, de mortalité et d’associations avec les biomarqueurs. Même si ces phénomènes sont déjà connus, leur formalisation ouvre des portes pour de futures études qui affineront les pratiques. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.

  • 03 Nov 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2022 dans le BMJ Open Respiratory Research, a examiné les associations des 4 sous-types de BPCO déjà identifiés avec les mesures longitudinales de santé liées à la BPCO (données cliniques, scanographiques, fonctionnelles respiratoires, biologiques…) ainsi qu’avec les biomarqueurs multiomiques et plasmatiques. Au total, 8266 patients fumeurs blancs et afro-américains ont été inclus et observés pendant 5 ans. Des mesures spirométriques, radiologiques ainsi que la mesure de  l’expression des gènes et des biomarqueurs protéiques ont été réalisées puis associées au nombre d’exacerbations, aux comorbidités et au taux de mortalité pour chaque sous-groupe.

     

    Une construction de sous-types par clustering

     

    Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de Pneumologie de l’Hôpital Cochin, à Paris, souligne que les auteurs ont utilisé la cohorte COPDGene, mise en place il y a plusieurs années aux Etats-Unis. Cette cohorte constitue une Biobank qui combine des données cliniques, de suivi, tomodensitométriques, fonctionnelles respiratoires et biologiques de patients atteints de BPCO. L(intérêt de l’utilisation de cette Biobank  été de permettre l’analyse de l’expression de plusieurs gènes et protéines chez ces sujets et de construire ainsi des sous-groupes, à l’aide d’une méthode de clustering. Nicolas ROCHE explique que quatre sous-types de BPCO ont ainsi pu être déterminés : un sous-type de sujets résistants au tabagisme (39%), un sous-type de sujets atteints d’emphysème centro-lobulaire et apexien léger (15%), un sous-type avec un épaississement bronchique (26%) et enfin, un dernier sous-type sujets ayant un emphysème sévère (20%).

     

    Une formalisation de résultats déjà connus mais qui tracent la route

     

    Nicolas ROCHE explique que différentes variables ont été observées dans les différents sous-groupes, pendant 5 ans. Les auteurs ont rapportés que les deux sous-groupes qui montraient le plus de stabilité dans le temps étaient celui des patients résistants malgré un fort tabagisme  et le sous-groupe de patients atteints d’emphysème sévère. Ils ont également observé que les patients pour lesquels l’épaississement bronchique prédomine sont plus souvent obèses ou en surpoids et présentent des troubles respiratoires fonctionnels plutôt restrictifs. Quant au déclin de la fonction respiratoire, le sous-groupe des patients plus résistant au tabagisme décline le plus en valeur absolue, ce qui est logique puisqu’ils ont plus à perdre. En valeur relative, c’est le sous-groupe le plus sévèrement atteint qui décline le plus, en raison des maladies cardiovasculaires associées. Il en va de même pour la mortalité. Nicolas ROCHE souline également que les gènes surexprimés dans le sous-groupe de formes les  plus sévères sont des gènes impliqués dans l’inflammation, les défenses cellulaires et dans l’immunité. Les taux de protéines les plus élevés correspondent aux protéines du cytosquelette et mitochondriales ainsi que celles qui sont liées au métabolisme des acides gras, prédominant dans le sous-groupe  dont les patients sont en surpoids. Nicolas ROCHE précise que ces résultats étaient déjà connus mais qu’ils ont le mérite d’apporter une formalisation pour des recherches futures.

     

    En conclusion, cette étude n’apporte pas de réel scoop mais, grâce à sa solide méthodologie,  ses résultats sont prometteurs et tracent la route pour de futures études, qui permettront de personnaliser davantage la prise en charge des patients atteints de BPCO.

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    JDF