Pneumologie

Le dépistage du cancer du poumon est aussi l'opportunité d'identifier des pathologies interstitielles.

Le délai du diagnostic de la fibrose pulmonaire idiopathique pourrit être réduit grâce au dépistage du cancer bronchique, en repérant des anomalies interstitielles encore asymptomatiques à l’imagerie. Une attention particulière doit être portée sur ces anomalies, mêmes minimes. D’après un entretien avec Vincent COTTIN.

  • 22 Sep 2022
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    Une étude dont les résultats sont parus en août 2022 dans Thorax, a cherché à évaluer l’intérêt de la prise en compte des lésions interstitielles  asymptomatiques découvertes fortuitement au cours du dépistage du cancer du poumon par un scanner thoracique pour améliorer le diagnostic de la fibrose pulmonaire idiopathique. Il s’agit d’une étude rétrospective, ayant inclus, au total, 1853 patients, ayant tous bénéficié d’un scanner low-dose. Tous ces patients étaient fumeurs ou anciens fumeurs et âgés de 50 à  75 ans, constituant ainsi une population à haut risque. Les anomalies interstitielles retrouvées sur les images tomodensitométriques ont été relevées et les patients concernés ont ensuite été suivis, pour observer l’évolution de ces lésions vers une maladie fibrosante.

    Des anomalies asymptomatiques de découverte fortuite

    Le professeur Vincent COTTIN, chef du service de pneumologie et du Centre de référence des Maladies Pulmonaires Rares de l’hôpital Louis Pradel, à Lyon, montre un intérêt à cette étude  car près de 5% des sujets sont porteurs d’anomalies interstitielles à l’imagerie, de découverte fortuite et donc asymptomatiques. Parmi eux, 20% ont progressé vers une maladie fibrosante à 2 ans et 50% à 5 ans. Il explique donc que ces anomalies radiologiques peuvent constituer un marqueur intéressant, d’autant plus qu’elles sont associées à des anomalies fonctionnelles respiratoires, augmentant le risque de comorbidité cardio-vasculaire. Vincent COTTIN précise que sur les 4,2% de patients ayant présenté de anomalies à l’imagerie, 1,5% avaient une vraie pneumopathie interstitielle diffuse. Toutefois, le caractère rétrospectif de l’étude n’a pas permis d’obtenir un bilan complet pour tous ces patients. Au total, 48 sujets ont pu bénéficier d’un bilan : deux tiers avaient une pneumopathie interstitielle diffuse et un tiers avait une fibrose pulmonaire idiopathique. Vincent COTTIN souligne également que ce dépistage a permis de détecter 2,5% de cancers pulmonaires et 1,5% de pneumopathies interstitielles diffuses soient une quasi égalité entre les deux pathologies. Il rappelle que ces chiffres sont comparables à ceux déjà observés au cours  d’autres travaux.

    La vraie question du délai de diagnostic de la FPI est posée

    Vincent COTTIN rappelle que l’un des problèmes majeurs de la fibrose pulmonaire idiopathique est le délai diagnostic. En effet, il avoisine souvent 18 mois et peut parfois atteindre 2 ans. Il s’ait d’une vraie question, pouvant modifier la prise ne charge et le pronostic de la maladie fibrosante. Pour réduite ce délai Vincent COTTIN propose deux leviers. Il explique qu’il est nécessaire de s’intéresser à la famille du patient et à la génétique et que si un dépistage systématique de la fibrose n’est pas envisageable, il faut prêter attention aux anomalies interstitielles découvertes fortuitement lors des dépistages des cancers pulmonaires, puisque sur le plan épidémiologique, les populations atteintes par ces deux pathologies ont les mêmes facteurs de risque à savoir l’âge, le tabagisme et le sexe masculin. Les sujets concernés doivent alors être régulièrement réévalués.

    En conclusion, le dépistage du cancer du poumon peut permettre de « faire d’une pierre deux coups » en détectant des anomalies interstitielles pouvant évoluer vers une fibrose pulmonaire, chez des sujets appartenant au même groupe à risque. Ne pas prendre ces anomalies à a légère , mêmes si elles  sont parfois minimes...

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    JDF