Infectiologie

Covid-19 : les vaccins par voie nasale ou buccale pour freiner la propagation

Omicron BA.5 est très contagieux et il n’y aura pas de limitation de la transmission de ce coronavirus, et des suivants, sans stimulation de l’immunité IgA muqueuse locale. Les candidats-vaccins par voie nasale ou orale ne manquent pas, mais l’argent si.

  • akshmiprasad S/istock
  • 19 Jul 2022
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    Les vaccins anti-Covid-19 injectables, à ARNm ou à adénovirus, ont donné d'excellents résultats, réduisant le nombre de décès liés à la pandémie d'environ 63% selon une étude récente. Pourtant, aussi bons ces vaccins injectables soient-ils, ils n’empêchent pas le virus de se répliquer localement dans la muqueuse et donc sa transmission de personne à personne.

    Alors même que les fabricants de vaccins à ARNm injectables sont en train de les rendre bivalents, pour renforcer la protection à l'automne, d'autres scientifiques travaillent à la mise au point de vaccins muqueux, administrés en spray nasal ou sous forme de comprimés, en espérant développer une meilleure défense immunitaire au niveau de la porte d’entrée du SARS-CoV-2 : la muqueuse de la bouche, du nez et de la gorge. C’est ce qui ressort de l’International Congress of Mucosal Immunology, qui vient de se terminer à Seattle.

    Importance de l’immunité locale

    Plus d'une douzaine de vaccins en spray nasal contre le Covid-19 sont actuellement en cours de développement dans le monde. Nombre d'entre eux font appel à des adénovirus, jouant le rôle de cheval de Troie, pour transférer les instructions nécessaires à la cellule, afin de fabriquer la protéine Spike. D'autres visent à utiliser la technologie de l'ARNm sous la forme d'un spray nasal.

    Certains laboratoires de recherche ont mis au point un comprimé pour transmettre ces instructions de fabrication à la muqueuse de l'intestin, car l’intestin joue un rôle très important dans la Covid-19 et dans le développement de l’immunité.

    L’objectif est qu’une meilleure immunité muqueuse pourrait empêcher la réplication locale du virus et réduire sa charge virale, ainsi que sa transmission d'une personne à l'autre. Une meilleure immunité muqueuse pourrait ainsi ralentir le développement des nouveaux variants du SARS-CoV-2 et, in fine, contribuer maîtriser la pandémie de la Covid-19.

    Développer sur les IgA locales

    Les vaccins muqueux ont l’avantage de mieux cibler une partie du système immunitaire légèrement différente de celle des injections intra-musculaires. Ils permettent de stimuler la production d'anticorps IgA, des anticorps qui sont plus puissants que les IgG. Les IgA ressemblent à une agrégation de deux anticorps joints par la queue et ont donc quatre sites hypervariables au lieu de deux. De plus, les IgA sont moins spécifiques que les anticorps IgG et ils seraient capable de reconnaître les différents variants via les différents motifs ciblés, au-delà de la protéine Spike.

    En plus des IgG dans le sang et les tissus, les vaccins injectables augmentent les anticorps IgA dans le rhinopharynx, mais seulement pendant une courte période. L’espoir est que les vaccins muqueux augmentent de façon plus importante la quantité de ces anticorps localement et de façon plus durable.

    Une technologie à faire évoluer

    Il existe déjà neuf vaccins muqueux, notamment les vaccins en gouttes orales contre la polio, le choléra, les salmonelles et les rotavirus. Aucun cependant n'a démontré qu’ils étaient capables de bloquer la transmission d'une infection, mais c'est peut-être parce que leur mode de fabrication (protéines virales purifiées ou adénovirus) ne permet pas cet objectif ou que la stimulation doit être double, locale et systémique.

    Dans les études animales, des hamsters vaccinés par des vaccins muqueux à adénovirus contre la Covid-19 (dans le nez ou la bouche) seraient moins susceptibles de transmettre l’infection par le SARS-CoV-2 à des animaux non infectés se trouvant dans des cages séparées mais partageant le même air.

    Lors d'un premier essai auquel ont participé 35 personnes, le vaccin en comprimé de la société Vaxart a provoqué une augmentation des anticorps dans le nez chez 46% des personnes vaccinées. Il semblerait que cela aboutisse à un large spectre d'immunoglobulines contre différents coronavirus et cette protection serait conservée pendant environ un an.

    Plutôt des vaccins de rappels

    La plupart des vaccins muqueux en cours de développement sont conçus pour être administrés sous la forme d'un spray dans le nez, et beaucoup sont destinés à être utilisés plutôt comme rappels (« booster ») chez les personnes qui ont reçu une séquence vaccinale initiale complète contre la Covid-19.

    Ainsi, d’après les experts interviewés par CNN, la prochaine stratégie de vaccination contre la Covid-19 sera différente. Elle s'appuiera sur une immunité de l'ensemble de l'organisme acquise après les injections vaccinales intra-musculaire avec des rappels par des vaccins locaux (ou muqueux) : l’idée serait que les vaccins muqueux permettent de rediriger l’immunité systémique vers le rhinopharynx et la gorge, là où elle est le plus nécessaire pour prévenir la réplication virale initiale.

    Une telle approche de rappel avec un vaccin muqueux après une vaccination injectable a récemment été testée dans un modèle de souris et se serait révélée protectrice à 100% contre une dose létale de SARS-CoV-2, avec une réduction considérable de la charge virale dans le nez et dans le poumon.

    Le problème pour faire passer ces vaccins muqueux des études animales aux essais cliniques sur les humains est l'argent, et les chercheurs en manquent à ce stade.

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    JDF