Infectiologie

Covid-19 : reprise de la pandémie mais réduction des risques et des contraintes ?

Les sous-variants BA.4 et BA.5 d’Omicron sont à l’origine d’une nouvelle vague en France et dans le Monde. Celle-ci semble moins brutale, avec un profil différent de malades, de nouveaux traitements et la promesse de vaccins « actualisés » et « actualisables ».

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  • 23 Jun 2022
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    Face à la reprise de la pandémie de Covid-19 en France et dans le Monde en rapport avec les sous-variant BA.4 et BA.5 d'Omicron, plusieurs experts déclarent qu'il faudra désormais vivre avec le SARS-CoV-2.

    Un constat pas forcément inquiétant pour la majorité des français dans la mesure où, même si niveau de protection liés aux anticorps baisse, la population a peut-être acquis une forme de protection cellulaire contre les formes graves de la Covid-19, que ce soit avec la vaccination et/ou avec les infections précédentes : selon les US Centers for Diseases Control, 94,7% de la population américaine de plus de 16 ans aurait des anticorps contre le SARS-CoV-2 !

    D’autre part, nous disposons désormais de médicaments antiviraux spécifiques et une vaccination par des vaccins performants qui sont susceptibles de s’adapter rapidement contre les nouveaux variants.

    Une recrudescence de l’épidémie en France

    Une nouvelle hausse des cas de contaminations s’observe actuellement en France, avec les sous-variants BA.4 et BA.5, et particulièrement dans les territoires peu vaccinés, comme la Martinique. Le profil de la courbe de contamination n’a cependant aucun rapport avec ce qui a été vu avec les variant Delta et Omicron BA.2.

    Cette reprise pourrait être également favorisée par la fin des dernières mesures de restrictions, telles que la fin du port du masque dans les transports en commun, mais aussi en raison du caractère des sous-variants BA.4 et BA.5 qui sont plus contagieux de 10 à 15% par rapport au variant Omicron initial, lui-même extrêmement contagieux. Difficle également de dire si la hausse des température nous protège pour le moment.

    Une recrudescence avec un profil différent

    Cette reprise épidémique est observée dans d'autres pays, en particulier aux USA où le système épidémiologique est performant pour l’analyser : à la différence des vagues précédentes, avec leurs cohortes de décès, les médecins américains observeraient une moindre gravité des maladies liées à ces sous-variants, avec une moindre fréquence des hospitalisations pour pneumopathie diffuse avec hypoxie.

    Le profil des malades hospitalisés a changé et ce seraient actuellement les malades immunodéprimés ou ceux avec beaucoup de co-morbidités qui seraient hospitalisés aux États-Unis, essentiellement en raison d'une décompensation de leur maladie sous-jacente.

    Un échappement aux anticorps

    Le problème actuel, néanmoins, est lié à la capacité des sous-variants BA.4 et BA.5 d’Omicron à échapper aux réponses anticorps qui existent chez les personnes ayant déjà été infectées par la Covid-19 et chez celles qui ont été entièrement vaccinées avec des rappels à jour. C’est ce qui ressort de nouvelles données publiées par des chercheurs israéliens.

    Les niveaux d'anticorps qu'une infection ou des vaccinations antérieures ont généré semblent plusieurs fois inférieurs aux niveaux nécessaires pour contrer une infection aux sous-variants BA.4 et BA.5. Toutefois, la vaccination par le Covid-19 devrait encore offrir une protection substantielle contre les maladies graves d’après ces mêmes experts.

    Adaptation nécessaire des vaccins

    Dans une étude, publiée dans la revue Nature, le variant Omicron a la capacité à muter davantage pour échapper à l'immunité générée par une infection antérieure avec le BA.1, ce qui suggère que les rappels de vaccins basés sur le BA.1 pourraient ne pas assurer une protection à large spectre contre les nouveaux sous-variants d'Omicron comme le BA.4 et le BA.5.

    Les fabricants de vaccins travaillent ainsi à la mise au point de vaccins actualisés sur les dernières mutations, vaccins qui pourraient susciter une réponse immunitaire plus forte pour améliorer les réponses anticorps contre les variants et les sous-variants préoccupants.

    Un vaccin bivalent actualisé chez Moderna

    Moderna aurait ainsi achevé la première phase de test d’un vaccin bivalent (contre la souche originelle et le variant Omicron), nommé mRNA-1273.214, et celui-ci aurait généré une réponse immunitaire « puissante » contre les sous-variants BA.4 et BA.5 d'Omicron. Un mois après son administration à des participants vaccinés et à jour des rappel, une dose supplémentaire de 50 µg d'ARNm-1273.214 génèrerait une puissante réponse d'anticorps neutralisants contre les sous-variants BA.4 et BA.5 d'Omicron chez tous les participants, indépendamment d'une infection antérieure.

    En pratique, l'ARNm-1273.214 aurait augmenté les titres de neutralisation contre BA.4/BA.5 de 5,4 fois (IC à 95% : 5,0, 5,9) par rapport au niveau de référence chez tous les participants, quelle que soit leur infection antérieure, et de 6,3 fois (IC à 95% : 5,7, 6,9) dans le sous-ensemble des participants séronégatifs. Des études antérieures portant sur une troisième dose du vaccin-prototype en rappel avaient induit des TGM neutralisants contre BA.1 de 629 (IC à 95% : 526, 751) et contre Delta de 828 (IC à 95% : 738, 928).

    Vivre avec le virus

    Ces données s'ajoutent aux résultats partagés plus tôt ce mois-ci de l'étude de phase 2/3 en cours auprès d'environ 800 participants. Le rappel bivalent avait été généralement bien toléré, avec un profil de réactogénicité et de sécurité conforme à celui du rappel prototype.

    Bien que ces données de protection soient basées uniquement sur des niveaux d'anticorps, des niveaux similaires d'anticorps avaient protégé contre la maladie clinique causée par d'autres variants et on peut espérer que l’étude de phase 3, qui est encore en cours, confirmera la protection clinique améliorée.

    Il faudra donc désormais vivre avec le SARS-CoV-2, l’avenir nous dira s’il sera nécessaire de revacciner à nouveau tout le monde avec des vaccins « actualisés » contre les nouveaux variants chaque année ou si l’on pourra se contenter de vacciner uniquement les personnes âgées et celles qui sont malades ou immunodéprimées.

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    JDF