Pneumologie

COVID : une étude avant/après de l’imagerie cérébrale

Une intéressante étude « avant-après » a fait le point sur les modifications de l'imagerie cérébrale après une infection COVID. Une perte variable selon les patients a intéressé la substance grise, à un niveau qui n’est pas forcément en corrélation avec la clinique. D’après un entretien avec Riadh GOUIDER.

  • 05 Mai 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2022 dans Nature, a cherché à évaluer les modifications de l’imagerie cérébrale avant et après une infection par COVID. Pour cela les auteurs ont utilisé la Bio Bank britannique qui compte un demi-million de participants, avec des données régulièrement complétées et accessibles aux chercheurs mondiaux. Au total, 785 participants ont été inclus dans cette étude. Tous les participants ont eu au moins deux imageries cérébrales et 401 d’entre eux ont été infectés par le COVID-19. Une comparaison ente les IRM cérébrale avant et après l’infection a été réalisée pour les patients ayant été infectés par le COVID 19 et également entre deux IRM cérébrales de sujets non infectés.

    Une imagerie avant/après COVID

    Le professeur Riadh GOUIDER, chef du service de neurologie du Centre Hospitalier Universitaire de Tunis, en collaboration avec le Docteur Alya GHARBI, assistante hospitalo-universitaire en neurologie, rappelle que la plupart des études d’imagerie cérébrale sur le COVID 19 portent généralement sur une seule imagerie, réalisée lors d’un événement aigu. Les anomalies retrouvées alors à l’IRM sont des hypersignaux de la substance blanche, de l’hypoperfusion cérébrale ou des accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, les études d’imagerie cérébrale en dehors du contexte aigu sont rares et l’effectif des sujets inclus est faible. Dans cette étude, la comparaison entre les IRM avant et après le COVID et chez les patients n’ayant pas été infectés est très intéressante, car on peut enfin évaluer ce qui s’est passé dans le cerveau des sujets ayant eu le COVID. De plus Riadh GOUIDER souligne que les auteurs ont également réalisé des tests cognitifs et les ont comparés, de la même manière que les IRM, afin d’étudier l’impact fonctionnel. La comparaison cas/témoins des variables cognitives et des variables de l’imagerie selon le temps apporte des résultats solides.

    Pas de corrélation entre imagerie et clinique

    Riadh GOUIDER explique qu’il existe une différence significative entre les résultats des patients ayant été infectés par le COVID et les témoins. Ces résultats montrent que le COVID a impacté le système nerveux, avec une perte moyenne allant de 0,2 à 2% du tissu cérébral alors que la perte physiologique est de 0,2% par an, en moyenne. De plus, cette perte n’a pas intéressé toutes les régions du cerveau ni tous les patients de la même manière. Certains ont développé des troubles de la mémoire, d’autres des troubles olfactifs, d’autres encore des sensations de brouillard mental... Riadh GOUIDER estime que ces manifestations sont à étudier ultérieurement et que l’on ne peut pas conclure à l’existence d’une corrélation entre la perte cérébrale et les manifestations cliniques. Concernant les test cognitifs, l’altération cognitive s’est avérée plus importante chez les sujets ayant été infectés par le COVID, sans pour autant conclure à un début de démence. Ces sujets mettent plus de temps à réaliser les tests cognitifs ce qui rend l’atteinte significative, bien qu’elle reste minime.

    En conclusion, il s’agit de la première étude longitudinale « avant-après » sur l’imagerie cérébrale des patients infectés par le COVID19, qui montre des modifications au niveau de la substance grise, mais à de faibles niveaux. Ce travail est à élargir pour mieux expliquer les manifestations cliniques.

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    JDF