Pneumologie

BPCO : intérêt démontré des purificateurs d’air

Un essai clinique randomisé de belle qualité démontrant l'intérêt des épurateurs d'air à domicile sur la qualité de l'air et la santé de patients souffrant de maladies respiratoires obstructives chroniques a été réalisé. Les purificateurs d’air peuvent faire partie de la stratégie de prise en charge des patients BPCO ayant arrêté de fumer. D’après un entretien avec Frédéric DE BLAYE.

  • 05 Mai 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2022 dans l’American Journal of Critical Care Medicine, a fait le point sur l’intérêt des purificateurs d’air pour les patients atteints de maladies respiratoires obstructives ; Il s’agit d’un essai clinique randomisé ayant inclus au total 116 patients atteints de BPCO, anciens fumeurs. Ils ont tous bénéficié d’un purificateur d’air portatif et d’un suivi pendant 6 mois. Le principal critère de jugement était le questionnaire respiratoire de Saint-Georges. Les critères secondaires étaient les symptômes, le nombre et la sévérité des exacerbations, l’utilisation des médicaments de secours et le test de marche de 6 minutes. Il s’agissait d’un essai en aveugle et plus de 83% des sujets ont terminé l’étude.

    La question des purificateurs d’air posée depuis longtemps pour l’asthme

    Le professeur Frédéric DE BLAYE, chef de service de pneumologie, asthme et allergologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, explique qu’il s’agit d’un travail très intéressant car, depuis longtemps, de petites études sur l’effet des purificateurs d’air sur l’asthme allergique avaient été réalisées mais n’ont pas apporté de résultats convaincants. Frédéric DE BLAYE rappelle qu’il a lui-même réalisé un travail, en 1990, en utilisant un purificateur d’air dans un appartement dans lequel vivait un chat et il avait démontré que le purificateur d’air était capable de réduire la concentration d’allergènes de chat, en présence du chat, avec un débit de 300 litres par minute. Il souligne que la première étude clinique chez les asthmatiques été effectuée en 2019, en utilisant la chambre allergène du CHU de Strasbourg. Une vingtaine de personnes ont été exposées aux allergènes et les réponses immédiat et retardée ont été observées. Les purificateurs d’air ont eu un effet significatif en diminuant de deux tiers les réponses immédiates et retardées, c’est-à-dire qu’ils ont fait aussi bien que les corticoïdes inhalés.

    Une belle étude, large et bien réalisée

    Frédéric DE BLAYE précise que cet essai clinique randomisé est une belle étude, car c’est la première étude large et bien faite, qui inclus plus de 100 patients, anciens fumeurs, dont la compliance a été satisfaisante. Les purificateurs d’air ont provoqué une diminution significative de la concentration en particules allergènes et le questionnaire de Saint-Georges a montré une diminution des symptômes, une diminution de la sensation de gêne respiratoire, lors de l’utilisation régulière du purificateur d’air. Un effet sur la médication d’urgences et sur les exacerbations modérées a également été démontré. En revanche, il n’y a pas eu d’effet significatif sur les exacerbations sévères. Frédéric DE BLAYE regrette seulement que les caractéristiques des purificateurs d’air utilisés ne soient pas mentionnées et que l’n n’ait pas d’idée du débit, en fonction du volume de la pièce. Il rappelle que l’utilisation de ces appareils est traditionnelle aux USA et en Chine, moins en Europe malgré une inflation de son utilisation avec la pandémie de COVID.

    En conclusion, les purificateurs d’air pourraient faire partie de la stratégie thérapeutique des patients atteints de BPCO, et ayant arrêté de fumer. De nouveaux travaux, précisant mieux les caractéristiques des purificateurs pourraient être utiles.

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    JDF