Les patients qui prennent des immunosuppresseurs pour une maladie auto-immune doivent être entièrement vaccinés et recevoir une dose de rappel pour se protéger contre les infections et les formes graves avec le SARS-CoV-2.

Les vaccins se sont révélés très efficaces contre les formes graves de la Covid-19, mais les preuves de leur efficacité chez les personnes immunodéprimées sont encore limitées.

Des études ont montré que les vaccins ont une immunogénicité réduite chez les personnes immunodéprimées par rapport aux personnes immunocompétentes. Les personnes immunodéprimées qui ont été entièrement vaccinées ont un risque plus élevé d'infection par le SARS-CoV-2 par rapport à l’ensemble de la population vaccinée.

Chez les malades sous immunosuppresseurs en raison d’une maladie auto-immune, les principaux vaccins contre le SARS-CoV-2 préviennent et réduisent également la gravité de la Covid-19. La dose de rappel est indispensable. Ce sont les résultats de la première étude à quantifier l'efficacité des vaccins dans cette population à risque. Les résultats de cette large étude en vie réelle sont publiés dans ARD.

Très large étude en vie réelle

Une équipe de chercheurs a étudié l'efficacité du vaccin BNT162b2 (Pfizer-BioNTech), du mRNA-1273 (Moderna) et du Ad26.COV2.S (Johnson & Johnson-Janssen) chez les personnes prenant des immunosuppresseurs (y compris les traitements de fond antirhumatismaux et les corticoïdes) en comparant les personnes vaccinées (n=97688) et non-vaccinées (n=42094) dans la base de données du système de santé du Michigan Medicine, du 1er janvier au 7 décembre 2021, période qui inclue l’émergence du variant Delta (modèle de Cox avec ajustement sur les covariables et dans le temps).

Une personne immunodéprimée était définie comme toute personne prenant un traitement de fond conventionnel de synthèse (csDMARDs), un DMARD synthétiques ciblé (tsDMARDs), DMARD biologique (bDMARDs) ou des corticoïdes dans les 6 mois précédant. Les personnes immunocompétentes ont été définies comme celles qui n'ont pas pris d'immunosuppresseurs dans les 6 mois précédant la date de référence.

Importance de la dose de rappel

Parmi les personnes vaccinées et non vaccinées, la prise d'immunosuppresseurs augmente le risque d'infection par le SARS-CoV-2 (HR ajusté (aHR) = 2,17, IC à 95% 1,69 à 2,79 pour les personnes entièrement vaccinées et aHR=1,40, IC à 95% 1,07 à 1,83 pour les personnes non vaccinées).

Parmi les personnes prenant des immunosuppresseurs, les chercheurs constatent que la vaccination réduit le risque d'infection par le SARS-CoV-2 (aHR=0,55, IC à 95% 0,39 à 0,78). Les vaccins BNT162b2 et mRNA-1273 sont très efficaces pour réduire le risque d'infection (n=2046, aHR=0,59, IC à 95% 0,38 à 0,91 pour le BNT162b2 ; n=2064, aHR=0,52, IC à 95% 0. 33 à 0,82 pour l'ARNm-1273) mais, sur un échantillon plus petit (n=173), la protection conférée par le vaccin Ad26.COV2.S n'est pas statistiquement significative (aHR=0,34, IC à 95% 0,09 à 1,30, p=0,17).

Enfin, l'administration d'une dose de rappel réduit fortement le risque d'infection par le SARS-CoV-2 (aHR=0,42, IC à 95 % 0,24 à 0,76).

Pas de différence selon les traitements immunosuppresseurs

Parmi les 4 283 personnes immunodéprimées entièrement vaccinées, 674 (15,7%) étaient traitées uniquement par des csDMARD, 265 (6,2%) étaient traitées uniquement par des bDMARD (combinaison de tsDMARD et de bDMARD), 210 (4,9%) étaient traitées à la fois par des csDMARD et des bDMARD et 1 528 (35,7%) étaient traitées uniquement par des corticoïdes. L’analyse ne montre pas de différences du niveau de protection entre les différents traitements de fond.

Les vaccins mRNA-1273 et BNT162b2 sont efficaces chez les personnes qui prennent des immunosuppresseurs en raison d’une maladie auto-immune. Cependant, les personnes vaccinées mais sous immunosuppresseurs restent exposées à un risque plus élevé d'infection par le SARS-CoV-2 et d'hospitalisation pour une forme grave de la Covid-19 que l’ensemble de la population vaccinée. Dans cette étude, les doses de rappel sont efficaces et d'une importance cruciale pour les personnes sous immunosuppresseurs.