Nutrition

Risque cardiovasculaire : la quantité de légumes consommée ne suffit pas

La lutte contre le risque cardiovasculaire ne peut pas être réduite à une seule quantité de légumes et de fruits consommés. Leur préparation et les facteurs de risque associés sont probablement aussi importants.

  • Baloncici/istock
  • 21 Fév 2022
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    Une consommation quotidienne suffisante de légumes est importante pour maintenir une alimentation équilibrée et éviter un large éventail de maladies. Les recommandations diététiques officielles conseillent donc de consommer au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, mais une large étude vient moduler ce paradigme.

    Selon une large étude de la UK Biobank, il serait peu probable que le seul fait de manger autant de fruits et légumes chaque jour suffise à réduire le risque de d’infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral. Cette étude de grande envergure, réalisée sous la direction de chercheurs des universités d'Oxford, de Bristol et de Hong Kong, est publiée dans Frontiers in Nutrition.

    La façon de cuisiner les légumes, la proportion des autres aliments, l'exercice physique, le lieu et le mode de vie auraient un impact également très important sur le risque et les futures études devraient mieux évaluer si des types particuliers de légumes ou leur mode de préparation pourraient avoir une incidence sur le risque cardiovasculaire.

    Le mode de vie aussi important que la consommation de légumes

    La consommation quotidienne moyenne de légumes totaux, de légumes crus et de légumes cuits était de 5,0, 2,3 et 2,8 cuillères à soupe par personne dans cette étude. Le risque de mourir d'une maladie cardiovasculaire y serait inférieur d'environ 15% chez les personnes ayant la consommation la plus élevée de légumes par rapport celles avec la consommation la plus faible.

    Cependant, cet effet apparent serait considérablement affaibli lorsque les facteurs confondants socio-économiques, nutritionnels, sanitaires et médicaux sont pris en compte. On parle d’une réduction de plus de 80% du pouvoir statistique prédictif de la consommation de légumes sur le risque cardiovasculaire, ce qui suggère que des mesures plus précises de ces facteurs confondants auraient probablement expliqué l’effet résiduel de la consommation de légumes.

    Un demi-million d’adultes dans la UK Biobank

    La UK Biobank est une étude prospective à grande échelle sur la façon dont la génétique et l'environnement contribuent au développement des maladies les plus courantes et les plus mortelles. Les chercheurs des universités d'Oxford, de Bristol et de Hong Kong ont utilisé la grande taille de l'échantillon de la UK Biobank, le suivi à long terme et les informations détaillées sur les facteurs sociaux et le mode de vie, pour évaluer de manière fiable l'association entre la consommation de légumes et le risque de maladie cardiovasculaire ultérieures.

    Ils ont demandé à 399 586 participants de la UK Biobank, dont 4,5% ont développé une maladie cardiovasculaire au cours du suivi, de remplir un questionnaire sur leur régime alimentaire, notamment sur la quantité de légumes cuits et crus qu'elles consommaient chaque jour. Leur état de santé, ainsi que tout évènement cardiovasculaire ayant entraîné une hospitalisation ou un décès, ont été évalués pendant les 12 années suivant leur inclusion.

    Réduction possible du risque cardiovasculaire

    Il s'agit d'une étude dont les résultats sont provocateurs mais ont des implications pour la meilleure compréhension des facteurs alimentaires au cours des maladies cardiovasculaires. Certains experts ont déclaré que les conclusions de l'étude devaient être discutées : des doutes doivent en particulier être émis sur la fiabilité des résultats obtenus à partir de questionnaires alimentaires purement déclaratifs.

    D’autre part, les personnes qui mangent beaucoup de crudités peuvent avoir un risque cardiovasculaire réduit car la cuisson des légumes élimine des nutriments importants, comme la vitamine C, ou ils peuvent avoir un meilleur mode de vie.

    En conséquence, même si cette étude n'a pas apporté de preuve d'un « effet protecteur de la consommation de légumes » sur l’incidence des problèmes cardiovasculaires, elle ne doit pas modifier la recommandation de manger au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, car de nombreux habitants des pays développés sont encore loin d'atteindre cet objectif. Pour les médecins, au-delà de la seule quantité de fruits et légumes par jour, il faut aussi s’attacher à donner quelques conseils de préparation, en insistant sur le fait qu’il y a souvent trop de matières grasses qui rentrent dans leur préparation.

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    JDF