Pneumologie

L’exposition à la pollution sur le long terme a un rôle sur l’incidence du COVID

La pollution atmosphérique augmenterait l’incidence de l’infection par SARS CoV2, par différents mécanismes. Des données pertinentes qui apportent des indications en termes de santé publique, pour protéger les sujets les plus à risque. D’après un entretien avec Isabella ANNESI-MAESANO.

  • 10 Fév 2022
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    Une étude italienne, dont les résultats sont parus en janvier 2022 dans le BMJ, Occupational and Environmental Medicine, a cherché à démontrer l’association entre pollution atmosphérique et incidence de l’infection par le SARS-CoV2. Les auteurs se sont intéressés au modèle de la ville de Varèse, en Lombardie, sur une période assez longue, s’étendant au-delà de la durée d’une seule vague de contaminations par le SARS-CoV2. La majorité des décès par SARS-Cov2 en Italie ont été recensés en Lombardie et la ville de Varèse constitue un modèle météorologique étayé de données historiques de pollution. Au cours de ce travail, les auteurs ont considéré tous les facteurs de risque médicaux qui permettent d’éliminer les autres causes d’augmentation de l’incidence de l’infection par SARS-CoV2.

    Un travail précis, mené sur une période qui va au-delà d’une seule vague

    Le professeur Isabelle ANNESI-MAESANO, directrice de recherche à l’INSERM de Montpellier et professeur d’épidémiologie environnementale, rappelle que la relation entre la pollution atmosphérique et l’infection par SARS-CoV2 est un sujet d’une importance capitale, qui va bientôt faire l’objet d’une méta analyse. En effet, deux types d’études ont déjà abordé la question : des études associant le taux de mortalité par COVID-19 et la pollution atmosphérique locale et des revues qui prennent en compte des données individuelles. Isabella ANNESI-MAESANO précise que cette étude italienne apporte des données pertinentes, car elle considère une population très importante et bien mesurée. Ce travail colossal a éliminé les autres causes pouvant être liées à l’incidence de l’infection par SARS-CoV2 comme l’état de santé et les particularités des patients. Les résultats ont montré qu’il existe une augmentation de 5% du taux d’incidence de l’infection par SARS-CoV2 chez les résidents exposés à une pollution qui est augmentée, mais a priori pas excessive, et cela, indépendamment de l’historique du sujet.

    De nouvelles indications en termes de santé publique

    Isabella ANNESI-MAESANO souligne que cette étude est renforcée par une méthodologie bien menée puisque les auteurs se sont intéressés, à la fois aux particules fines, aux particules moyennes et au NO2. Ils apportent des indications en termes de santé publique en évoquant deux mécanismes d’action possibles, expliquant la relation entre le COVID-19 et la pollution. Le premier est que les particules polluantes irritent les muqueuses bronchiques et augmente donc leur perméabilité. Le second mécanisme est lié que fait que le spike du coronavirus nécessite l’CAE2 pour pénétrer dans les cellules et cette enzyme est surexprimée en cas d’exposition à la pollution atmosphérique, phénomène encore aggravé en cas de maladie chronique. Isabella ANNESI-MAESANO explique que l’exposition chronique de sujets à risque de COVID-19 à la pollution atmosphérique est un mélange explosif.

    En conclusion, ce travail très bien mené permet de comprendre le lien entre pollution atmosphérique et incidence de l’infection par SARS-CoV2 et d’apporter un argument supplémentaire nécessaire à la prise de conscience collective concernant l’importance capitale de la lutte contre la pollution.

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    JDF