Pneumologie

Fibrose pulmonaire idiopathique : une injustice environnementale et sociale

Les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique souffriraient d'un désavantage relatif environnemental et social. Un sujet déjà développé pour d’autres maladies respiratoires mais émergent pour la fibrose pulmonaire idiopathique. D’après un entretien avec Lucile SESE.

  • 27 Jan 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 2022 dans Thorax, a cherché à faire le point sur l’impact des facteurs socio-économiques et environnementaux sur la prise en charge et le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique. Il s’agit d’une étude californienne, qui a utilisée une base de données de San Francisco. Au total, 603 patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique ont été inclus et leurs données cliniques, fonctionnelles, respiratoires et de survie ont été observées. Un score environnemental composite a été élaboré en fonction du lieu de résidence des patients grâce à leur adresse géographique. L’index tient compte de la pollution et de la précarité territoriale et a été associé à l’état de la fonction respiratoire des patients.

    Un sujet émergent important

    Le docteur Lucile SESE, pneumologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, explique que l’injustice environnementale et sociale qui existe chez les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique représente un sujet émergent depuis quelques années et qu’il est intéressant et d’une grande importance. Elle rappelle qu’il a déjà été démontré que la pollution atmosphérique est associée à une augmentation de la gravité et de la mortalité liée à la maladie mais les effets des facteurs socio-économiques, notamment environnementaux sur le pronostic de la fibrose pulmonaire idiopathique n’ont jamais été évalués. Les auteurs de ce travail ont donc élaboré un index qui tient compte à la fois de la pollution et de la précarité territoriale, en y associant un pourcentage de pauvreté reflétant la plus grande vulnérabilité de certaines populations. Plus cet index est élevé, plus le désavantage environnemental et social est grand. Les résultats ont montré que les patients ayant un index élevé avaient une capacité vitale forcée et une DLCO significativement plus faibles que les autres. Plus le score environnemental est mauvais, moins les patients sont susceptibles d’avoir accès à des traitements anti-fibrosants. Lucile SESE relève qu’il n’y a cependant pas eu d’association de ce score avec la mortalité.

    Une étude intéressante et originale

    Lucile SESE souligne qu’il s’agit d’un travail intéressant et original, pointant surtout les difficultés de l’accès aux traitements par les populations défavorisées. Elle rappelle qu’un travail a déjà été réalisé dans ce sens, en s’intéressant seulement aux revenus des sujets, qui avait déjà laissé pressentir cette injustice environnementale. Lucile SESE précise que plus on est pauvre, plus on est exposé et qu’il s’agit bien d’une double peine. Elle félicite cette approche de type exposome pour mieux comprendre la fibrose pulmonaire idiopathique, ce sujet ayant déjà été largement développé pour d’autres maladies respiratoires, comme l’asthme ou la BPCO.  Elle rappelle que la fibrose pulmonaire idiopathique est une maladie rare et que le terme « idiopathique » doit être pondéré par l’impact des facteurs environnementaux.

    En conclusion, les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique évoluant en milieu défavorisé socialement et sur le plan environnemental n’ont pas les mêmes chances que les autres, notamment pour l’accès aux traitements. Une double peine à prendre en compte...

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    JDF