Pneumologie

Covid-19 : les symptômes prolongés ne sont pas forcément corrélés à la positivité de la sérologie

L’association entre les symptômes prolongés post COVID et la positivité de la sérologie ne sont pas ceux logiquement attendus. Une étude française apporte des résultats surprenants sur l’association croyance et symptômes prolongés. D’après un entretien avec Cédric LEMOGNE.

  • 02 Déc 2021
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2021, dans le JAMA Internal Medicine, a fait le point sur les symptômes prolongés du COVID-19 et leur association avec une sérologie positive ou non. Il s’agit d’une étude française, transversale, ayant inclus 26 823 patients issus de la cohorte CONSTANCES. Tous les patients ont bénéficié d’un test détectant les anticorps anti-SARS-COV2 entre mai et novembre 2020. Ils ont également bénéficié d’un interrogatoire entre décembre 2020 et janvier 2022 pour savoir s’ils croyaient ou non avoir été infectés et si des symptômes étaient présents au cours des quatre semaines précédentes, et qui auraient persisté au moins 8 semaines.

    Une association robuste entre croyance et symptômes

    Le professeur Cédric LEMOGNE, chef du service de psychiatrie de l’hôpital Hôtel-Dieu, à Paris, et auteur de ce travail, rappelle que cette étude est partie du constat qu’un grand nombre de patients présentait des symptômes prolongés, pénibles et invalidants, après une infection par le SRAS-COV2 prouvée ou supposée et qu’il était nécessaire de rechercher une prise en charge de bonne qualité pour ces patients. Il précise que ces symptômes sont d’une grande diversité mais que le seul qui est spécifique du SRAS-COV2e st l’anosmie. Les autres symptômes ne sont pas forcément liés au virus. Il était donc nécessaire d’étudier les profils sérologiques pour faire la part des choses entre les croyances et es sérologies positives, chez les patients présentant des symptômes prolongés. Les résultats ont montre que la positivité de la sérologie était associée à 10 symptômes sur 18, et qu’il en est sensiblement de même en cas de simple conviction. Cédric LEMOGNE souligne que l’analyse en modèle multivarié a retrouvé une association extrêmement robuste entre croyance et symptômes alors que la sérologie positive est seulement significativement associée à l’anosmie.

    Deux hypothèses expliquant ces résultats

    Cédric LEMOGNE explique que deux hypothèses peuvent être à l’origine de ces résultats. La première est que ces symptômes prolongés pourraient être liés à une autre pathologie et qu’ils ont, à tort, attribués au COVID-19. D’autres virus sont connus pour provoquer des symptômes post-viraux. Cédric LEMOGNE précise que ces symptômes prolongés sont des symptômes généraux et que, au lieu de concentrer la recherche sur le SARS-Cov2, il est possible de balayer « tous azimuts » pour les expliquer par d’autres infections virales. La seconde hypothèse est que l’on ne peut pas exclure que les croyances peuvent contribuer à la pérennisation des symptômes et pousser les patients à exclure tout effort physique de réhabilitation, terrifiés à l’idée de faire le moindre effort et incapables de penser que l’exposition répétée à l’effort leur permettrait d’aller mieux. Cédric LEMOGNE rappelle qu’il s’agit de données en sciences cognitives : les croyances dans les sensations physiques influencent les perceptions. Il précise toute fois que les résultats de ce travail ne prouvent aucune de ces deux hypothèses.

    Des résultats très controversés

    Cédric LEMOGNE explique que les résultats de ce travail ont subi des critiques, notamment sur la validité des tests sérologiques, puisque 40% de faux positifs ont été retrouvés. Cédric LEMOGNE précise alors qu’un test biologique peut être médiocre chez un individu mais représenter un indicateur puissant au niveau d’une population. Il souligne que la probabilité d’avoir été infecté lorsque la sérologie est positive est de 60% mais que si la sérologie est négative, cette probabilité n’est que de 0,5%. Pour lui, si les symptômes prolongés étaient tous liés au COVID-19, on devrait avoir une association plus robuste avec la positivité de la sérologie. Une seconde critique a été de dire que le COVID long pourrait altérer la réponse immunitaire et entrainerait des sérologies « faussement » négatives, ce qui, pour Cédric LEMOGNE, reste hypothétique et insuffisant pour remettre en cause les résultats.

    En conclusion, les symptômes prolongés du COVID-19 ne sont pas corrélés à la positivité de la sérologie et il est nécessaire de prendre en compte les croyances et leur impact sur la qualité de la prise en charge, la durée des symptômes et le délai de guérison complète.

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    JDF