Pneumologie

L'éosinophilie sanguine : un risque indépendant de syndrome obstructif.

Une relation entre l’éosinophilie sanguine et l’obstruction bronchique a été démontrée sur une très large cohorte et une attention particulière doit être portée aux sujets hyper-éosinophiles, notamment par les médecins traitants. D’après un entretien avec Pascal CHANEZ.

  • 06 Mai 2021
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    Une étude épidémiologique asiatique, dont les résultats sont parus en mars 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer le lien qui existait ente l’éosinophilie sanguine et le risque de développer une maladie bronchique obstructive. Une très large cohorte de patients a été observée puisque près de 360 000 sujets ont été inclus et suivis pendant plus de 9 ans. Il s’agissait d’une population saine de toute maladie respiratoire. Les sujets ont bénéficié de bilan sanguins et de spirométries régulières. Au terme d’un suivi médian de 5à 6 ans, plus de 5000 participants ont développé une maladie chronique obstructive.

    Les éosinophiles : un peu mais pas trop…

    Le professeur Pascal CHANEZ, chez de service de la plate-forme ambulatoire de pneumologie à l’Hôpital Nord de Marseille, souligne que la force de ce travail longitudinal réside dans l’ampleur de la cohorte et que l’intérêt de sa méthodologie est d’être une étude épidémiologique qui a exclu tous les sujets ayant déjà une maladie respiratoire. Il rappelle que de précédentes études de mortalité ont déjà montré que l’hyper-éosinophilie représentait un facteur de risque supplémentaire. Les résultats de cette étude ont montré que le taux d’éosinophile sanguins est un facteur prédictif de développement d’asthme ou de BPCO. Pascal CHANEZ précise que ce n’est pas le premier travail qui le montre mais l’importance de la cohorte lui donne du poids, d’autant que qu’après avoir éliminé le facteur confondant qu’est le tabagisme, les résultats restent significatifs et montrent l’indépendance du facteur de risque « éosinophilie ». De plus, les auteurs de cette étude ajoutent que ces résultats coréens devraient être transposables en Europe, puisqu’au départ la distribution des éosinophiles semble être la même que dans certains pays européens.

    Hyper-éosinophilie : penser « bronches » !

    Pascal CHANEZ explique que, dans cette étude, le diagnostic de maladie respiratoire obstructive est réalisé grâce à une seule manœuvre d’expiration forcée, mais on ne distingue pas l’asthme de la BPCO. Il précise donc que, ce qu’il faut retirer de ce travail est, qu’au regard d’une formule sanguine et face à des éosinophiles élevés, il faut penser « nez et bronches », que les sujets soient fumeurs ou pas, ou qu’ils aient déjà eu de l’asthme ou non. L’idée reçue que la présence d’éosinophiles en grand nombre signifie allergie doit être écarté de l’esprit des médecins traitants qui doivent porter une attention particulière à l’évolution respiratoire de ces patients. Cette étude a montré que la relation entre les éosinophiles circulants et les maladies respiratoires obstructives est remarquable et  indépendante du tabagisme, de l’âge, du sexe, de l’IMC et de l’activité physique.

    En conclusion, ce travail pointe les éosinophiles circulants comme de « mauvais garçons », et plus ils son nombreux plus le risque de développer une maladie respiratoire obstructive est grand. D’où la nécessité de porter attention aux sujets ayant une hyper-éosinophilie…

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    JDF