Pneumologie

E-cigarette et cancer du poumon : une surveillance à long terme nécessaire

Le lien entre cigarette électronique et cancer du poumon n’est pas clairement établi. Une  revue des données disponibles montrent qu’un suivi à long terme est nécéssaire, les données sur le court terme étant insuffisantes. D’après un entretien avec Anne-Marie RUPPERT.

  • 25 Mar 2021
  • A A

    Une revue de la littérature, dont les résultats sont parus en février 2021 dans Lung Cancer, a cherché à établir l’existence d’un lien entre oncogénèse du cancer bronchique et vapotage. L’effet potentiellement oncogène de la fumée de cigarette électronique et les produits des liquides de vapotage. Plusieurs études ont démontré la transformation in vitro et l’activité cytotoxique des constituants de e-liquides. Cependant, les résultats obtenus sont sur du court terme et demeurent équivoques, encourageant à produire des études plus précises sur le long terme.

    Des résultats peu significatifs

    Le docteur Anne-Marie RUPPERT, pneumologue à l’Hôpital Tenon  à Paris,  explique que les dispositifs de cigarette électronique et les liquides utilisés pour le vapotage contiennent une série d’oncogènes possibles,définis ou probables,  dont des dérivés de la nicotine, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des métaux lourds, des aldéhydes et autres composés organiques complexes... Ceux-ci sont à la fois des constituants des e-liquides (ainsi que d’autres produits organiques complexes utilisés comme arômes) et des produits des réactions organiques complexes du dispositif de la cigarette électronique. Anne-Marie RUPPERT précise que dans les différentes études observées, les taux des substances carcinogènes issues de la e-cigarette ne sont jamais comparés aux taux des produits issus de la cigarette. Elle rappelle que, dans la e-cigarette, les différents composants sont présents un niveau très faible par rapport à ceux que l’on trouve dans la cigarette. Selon Anne Marie RUPPERT, les résultats de cette étude laissent perplexe en raison de l’absence de comparateurs qui ne permettent pas de conclure.

    Le vapotage doit être le plus sécurisé possible

    Anne-Marie RUPPERT souligne l’importance de continuer à obtenir de nouvelles données sur la cigarette électronique, afin de sécuriser son emploi et savoir si c’est un outil efficace pour le sevrage tabagique. Elle rappelle qu’une importante enquête a eu lieu, quelques mois auparavant, analysant plus de 30 000 e-liquides pour évaluer la toxicité de la e-cigarette par la surveillance de ces e-liquides. Ce  conséquent travail d’analyse toxcicologique a montré que certains e-liquides avaient un  pouvoir carcinogène identifié. Le vapotage ne doit donc en aucun cas s’adresser aux non-fumeurs ni aux jeunes. Il doit rester une « option » en cas d’échec des autres techniques de sevrage. Anne-marie RUPPERT précise que le vapotage reste préférable à la consommation de cigarette mais qu’il existe potentiellement un risque carcinogène des produits utilisés. Elle cite l’exemple de l’arôme vanille qui contient, à lui seul, 10 composants chimiques différents… Les produits de la e-cigarette sont considérés comme des produits  de consommation courante qui  ne sont  pas évalués comme des médicaments. De plus, Anne-Marie RUPPERT rappelle également que le mésusage de la e-cigarette est fréquent, et qu’il est à l’orgine de pneumopathies.

    En conclusion, il est indispensable de démontrer l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique mais surout de surveiller sa tolérance sur le long terme car même si, sur le court terme, les arguments concernant son potentiel carcinogène donnent des raisons de s’inquiéter,  ils  restent encore trop faibles à l’heure actuelle.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF