Infectiologie

Covid-19 : confirmation de l’efficacité de la vaccination en vie réelle

La vaccination Pfizer-BioNTech marche bien en vie réelle dans toutes les catégories de population, de même que celle d'AstraZeneca. La protection atteint près de 50% seulement 2 semaines après la première injection et plus de 90% après la 2ème.

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  • 25 Fév 2021
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    Dans la vaste campagne de vaccination qui a débuté fin décembre dans le Monde, certains pays sont beaucoup plus en avance que d’autres et les résultats de la vaccination font espérer une amélioration prochaine dans notre pays.

    Israël, qui a débuté une vaccination très précoce et très vaste en est à près de la moitié de sa population en âge d’être vaccinée ayant reçu au moins une dose et la quasi-totalité des personnes de plus de 60 ans ou fragile, soit plus de 3 millions de personnes.

    Publiée dans le New England Journal of Medicine, les chiffres précis de protection par la vaccination Pfizer-BioNTech sont détaillés sur plus de 1 million 500 000 personnes et sont parfaitement rassurants dans un pays où le variant anglais circulerait activement. De la même façon, les analyses menées par Public Health Scotland ont montré que, quatre semaines après la première dose, les admissions à l'hôpital avaient diminué de 85% et 94% après les vaccins de Pfizer et d'AstraZeneca respectivement.

    Une étude en vie réelle

    L'étude PfizerBioNTech est une étude observationnelle, mais de grande ampleur et en vie réelle. Elle permet de mieux étudier en vraie vie la cinétique de la protection et l’efficacité réelle sur de larges sous-groupes moins bien étudiés dans l’étude pivot.

    Globalement, l’efficacité de la vaccination sur les infections asymptomatiques identifiées par PCR est de 46% entre 14 à 20 jours après le 1ère dose et 92% à 7 jours après la 2ème. Selon le même calendrier, la protection contre les infections symptomatiques est de 57% après la dose 1 et 94% après la dose 2. Pour les hospitalisations, les chiffres sont respectivement de 74% et 87%. Pour les infections sévères (USI), ils sont de 62% et 92% et pour les décès, ils sont de 72% après la première dose.

    Très forte protection contre les formes sévères

    Il apparaît donc que la protection conférée contre les formes hospitalière et les décès est de 60 à 70% dans les 2 semaines après la première injection en vie réelle, en dépit des difficultés imposées par le respect de la chaine de froid avec ce vaccin, et que le niveau de protection est encore plus élevé pour les formes graves.

    SI l’on regarde le niveau de protection dans les sous-groupes, l’âge ne semble pas être un facteur de diminution du niveau de protection avec ce vaccin : elle atteint plus de 98% après 70 ans pour les infections symptomatiques ! Les comorbidités pourraient s’accompagner d’une petite diminution du niveau de protection en cas de nombreuses comorbidités (89% pour les infections symptomatiques avec 3 comorbidités ou plus). Mais le niveau de protection vis-à-vis d’une infection symptomatique n’est pas diminué en cas d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 ou d’obésité.

    Enfin, les auteurs rappellent que ces excellents résultats ont été obtenus alors que le variant anglais du SARS-CoV-2 (B.1.1.7) était le variant dominant en circulation (à plus de 80%) et que ces résultats ont été obtenus lors d’une très forte circulation du virus (3ème confinement).

    Le vaccin AstraZeneca aussi

    Selon l’organisme de santé publique écossaise, le vaccin AstraZeneca réduirait drastiquement les hospitalisations. Cet organisme a étudié les données d’hospitalisation pour Covid-19 en Ecosse, 8000 entre le 8 décembre et le 15 février, et les a comparées avec celles de vaccination, plus d’un million de doses administrées en Ecosse sur la même période.

    Selon cette analyse préliminaire, le vaccin Astra Zeneca permettrait, seulement quatre semaines après la première dose, de réduire de 94% le risque d’hospitalisation pour Covid-19 (85% pour le PfizerBioNTech). Pas mal pour un vaccin systématiquement décrié et que la HAS a décidé de réserver aux personnes de moins de 65 ans parce que les effectifs de partients âgés dans les études pivots ne lui paraissaient pas suffisants...

    En pratique, pour la France

    On pouvait se douter de ces résultats au vu de ceux des études pivots, mais ces nouvelles études apportent des données rassurantes sur 2 points : la protection vis-à-vis des formes graves est de 60 à 75% dès 14 jours après la première dose et la protection n’est pas altérée par l’âge ni par les comorbidités.

    La population d’Israël est seulement d’un peu plus de 9 millions d’habitants et celle qui est vaccinée est de plus de 3 millions. Les chiffres de vaccination en France et en Europe, qui ne sont pas si éloignés en valeur absolue (2 600 000 personnes ont reçu au moins une dose en France au 22 février), sont très éloignés de ceux d’Israël en pourcentage de la population vaccinée.

    Si l’on se base sur les estimations de livraison du gouvernement français, un calcul approximatif nous met à plus de 16 millions de doses administrées fin mars et 35 millions fin avril, soit au moins 20 millions de personnes avec une ou 2 doses, s’il n’y a pas de nouveaux retards. Le printemps va être long pour les personnels hospitaliers... à moins d'espacer les doses.

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    JDF