Pneumologie

Emphysème pulmonaire : l’intérêt d’un traitement non chirurgical avec un DLCO inférieur à 20% mérite d’être expliqué

L’intérêt d’un traitement par valves endobronchiques dans la réduction de volume pulmonaire chez les patients emphysémateux avec une DLCO inférieure à 20 % existe probablement mais nécessite d’être mieux expliqué et prouvé pour modifier les pratiques. D’après un entretien avec Bruno DEGANO.

  • 31 Déc 2020
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    Une étude rétrospective allemande,  dont les résultats sont parus en décembre 2020, dans l‘European Respiratory Journal  Open Research, a cherché à démontrer l’intérêt d’un traitement non chirurgical, par valves endobronchiques, pour réduire le volume pulmonaire chez des patients  emphysémateux avec un DLCO inférieur à 20% . Pour cela, les auteurs ont inclus 121 patients. Parmi ces patients, 34 avaient une DLCO inférieure à 20% et 87 avaient une DLCO supérieure à 20%. Tous ont bénéficié d’un traitement par valves endobronchiques. Les résultats ont pris en compte le VEMS, le volume résiduel la DLCO , la qualité de vie et les effets indésirables. Les données sont issues du Registre Allemand de l’emphysème pulmonaire.

    Pourquoi mettre une barrière de DLCO à 20% ?

    Le professeur Bruno DEGANO, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble, rappelle que les réductions de volume pulmonaire des patients emphysémateux ont d’abord été une technique chirurgicale, qui consistait à enlever les  zones pulmonaires les plus détruites afin d’ajuster la taille des poumons à celle de la cage thoracique. Il cite la première véritable étude randomisée sur le sujet, dont les résutats sontpaurs en 2003 dans le New England Journal of Medicine, qui a montré que les patients ayant une DLCO inférieure à 20% et qui ont été opérés, ont en fait été aggravés par l’intervention. C’est pourquoi, une limite de 20% de DLCO a été utilisée lors de l’indication des traitements de réduction de volume pulmonaire, qu’ils soient chirurgicaux ou non.  Bruno DEGANO souligne également que les patients nécéssitant un traitement par réduction de volume pulmonaire, chirurgical ou par valves endobronchiques, sont des patients ayant une atteinte sévère et il précise qu’on ne traite pas des chiffres mais des symptômes.

    Des résultats avec des limites mais stimulants

    Bruno DEGANO incite à garder une véritable prudence lorsque l’on veut traiter par valves endobronchiques des patients ayant une DLCO inférieure çà 20%, même si cette étude montre qu’il   n’y a, a priori, pas de risque. Il relève beaucoup de limites aux résultats de ce travail : le nombre de patients inclus est faible, la DLCO est un indice non spécifique en EFR, on ne connait pas la capacité vitale des patients traités, la conaissance de leur niveau de distension n’est qu’approximative et on ne connait pas le volume alvéolaire. Il précise donc que ce travail est intéressant car il semble possible de traiter les patients ayant une DLCO inférieure à 20%, et qu’il doit stimuler les praticiens et chercheurs à recueillir des informations supplémentaires pour comprendre ce qu’il se passe, notamment lors de la mesure de la DLCO.

    En conclusion, l’information fournie par les résultats de ce travail mérite d’être mise en avant et doit inciter les praticiens à aller plus loin dans la précision avant de modifier les pratiques de réduction de volume pulmonaire, chirurgicales ou non, chez les patients atteints d’emphysème avec une DLCO inférieure à 20%.

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    JDF