Pneumologie

Mucoviscidose : un traitement oral efficace contre le Pseudomonas aeruginosa chez l’enfant

 

L’éradication des infections à Pseudomonas aeruginosa au cours de la mucoviscidose est primordiale. Un traitement oral serait aussi efficace qu'un traitement intraveineux, moins inconfortable et moins coûteux, surtout chez l’enfant. D’après un entretien avec Benoit DOUVRY.

  • 17 Déc 2020
  • A A

    Une étude randomisée, dont les résultats sont parus en novmebre 2020 dans le Lancet Respiratory Medicine a cherché à évaluer s’il existait une supériorité de l’efficacité du traitement intraveineux par rapport au traitement oral dans la prise en charge des infections à Pseudomonas aeruginosa au cours de la mucoviscidose chez l’enfant. Il s’agit d’une étude multicentrique, étendue sur 72 centres spécialisés dans la prise en charge de la mucoviscidose. Deux groupes de patients ont été inclus. Un groupe a reçu de la ciprofloxacine par voie orale pendant 3 mois et le second groupe a été traité par ceftazidime et  tobramycine  par voie intra veineuse pendant 14 jours.Les deux groupes ont également bénéficié d’aérosols de colimycine pendant 3 mois.

     

    Pas de différence d’efficacité mise en évidence

    Le docteur Benoît DOUVRY, pneumologue à l’hôpital Foch de Suresnes, rappelle que la prise en charge des infections à bacille pyocyanique chez les patients mucoviscidosiques est capitale car le portage chronique augmente le déclin du VEMS et le nombre d’exacerbations. Il explique que le pyocyanique peut être traité dans deux circonstances : en cas de primo-infection, et c’est à ce moment là que l’éradication est possible, et en cas de colonisation chronique avec exacerbation aigüe pour éviter l’aggravation des lésions pulmonaires.  Benoît DOUVRY précise que plusieurs essais contrôlés pour évaluer différents schémas thérapeutiques ont été conduits mais qu’il n’existe pas de consensus en cas de primo-infection. Le choix du traitement dépend de son efficacité, sa tolérance, ses effets collatéraux, comme l’émergence d’autres agents pathogènes (mycobactéries non tuberculeuses…) et son coût même si la population concernée est peu importante. Les résultats de ce travail n’ont pas mis en évidence de différence d’efficacité entre les deux schémas de traitement, qui ont tous deux été bien tolérés.

     

    Attention à la tolérance des fluoroquinolones chez l’adulte

    Benoît DOUVRY souligne qu’il s’agit d’une étude pédiatrique. En effet, il émet une réserve sur la prise de ciprofloxacine pendant 3 mois chez l’adulte, en précisant que peu de CRCM le prescrivent plus de 21 jours en raison de sa tolérance, notamment tendineuse, et des difficultés d’observance chez l’adulte. Benoît DOUVRY explique qu’il y a moins de problèmes d’observance chez l’enfant et que, dans cette étude, elle est quasi pafaite. La transposition en vraie vie le rend réticent à prescire ce schéma thérapeutique chez l’adulte en raison du risque de tendinopathie qui augmente avec l’âge. Il suggère de  traiter par ciprofloxacine per os si le patient est peu ou pas symptomatique  au moment de la découverte de l’infection  par pyocyanique (ce qui était le cas chez 90% des patients de l’étude) et de réserver le schéma de traitement intra-veineux pour les réelles exacerbations.

     

    En conclusion, cette étude est intéressante mais ne va pas entraîner de changement radical de pratique. Une étude du même type avec un schéma plus court de ciprofloxacoine per os pourrait avoir un intérêt.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF