Infectiologie
Covid-19 : pas de bénéfice de l’azithromycine dans les formes sévères
L’ajout d’azithromycine à un traitement comprenant de l’hydroxychloroquine n’améliore pas le pronostic de patients hospitalisés pour une Covid-19, selon une étude multicentrique brésilienne.
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Sur la base de données antérieures suggérant des effets immunomodulateurs de l’azithromycine et une possible réduction de la charge virale, l’impact de ce macrolide a été évalué dans une étude randomisée en ouvert à laquelle ont participé 57 centres au Brésil.
Au moment du lancement de cet essai, qui a inclus 397 patients hospitalisés pour une forme sévère de Covis-19 confirmé par PCR ou sérologie, l’hydroxychloroquine (HCQ) faisait partie du traitement standard de l’infection.
Un traitement « standard » qui a depuis fait la preuve de son inefficacité
L’étude randomisée a donc comparé un traitement « standard » comprenant de l’hydroxychloroquine (400 mg deux fois par jour pendant 10 jours) éventuellement associée à d’autres molécules (corticostéroïdes, immunomodulateurs, antibiotiques autres que macrolides, à l’ajout d’azithromycine (500 mg par jour) à ce traitement standard.
Dans la publication du Lancet, les auteurs ne rapportent pas d’amélioration du statut clinique (basé sur l’hospitalisation ou non, et le recours ou non à des mesures d’oxygénothérapie et de ventilation), 15 jours après la randomisation, qui constituait le critère principal d’évaluation : OR 1,36 IC 95% 0,94-1,97.
Un tableau sévère
Les patients inclus entre le 28 mars et le 19 mai derniers, 66% d’hommes et 34% de femmes, âgés en moyenne de 59,8 ans avaient une infection Covid-19 évoluant depuis moins de 14 jours, et nécessitaient une oxygénothérapie supérieure à 4 L/mn, une canule nasale à haut débit, une ventilation non invasive par pression positive ou une ventilation mécanique.
A l’inclusion, près de la moitié étaient sous ventilation mécanique et près d’un quart étaient un état de choc.
Taux élevés de décès
Les taux de décès à 29 jours ont été élevés dans les deux bras de traitement, respectivement de 42% (azithromycine) et 40 % (bras comparateur), différence non significative (OR 1,08, IC 95 % 0,79-1,47).
Les taux d’effets secondaires sévères ont été similaires dans les deux groupes, 42% vs 38% (p = 0,35). Notamment, les auteurs n’ont pas observé plus d’allongement de l’intervalle QT, d’arythmies ventriculaires ou d’arrêts cardiaques ressuscités chez les patients ayant reçu de l’azithromycine, point qui faisait partie des préoccupations initiales.
Au total, cette étude ne plaide donc pas pour l’utilisation de l’azithromycine dans ce contexte d'infection sévère. Par ailleurs, des études récentes ont éliminé tout intérêt de l'hydroxychloroquine, que ce soit dans les formes de Covid-19 hospitalisées, les formes de Covid-19 précoces (post-exposition) et en prophylaxie chez les soignants.








