Pneumologie

SDRA : des zones de sécurité pour l’oxygénothérapie

Il n’y a pas de bénéfice de survie à l'utilisation d'une oxygénothérapie conservatoire lors des SDRA mais un effet défavorable, démontré à 90 jours. D’après un entretien avec Gilles CAPELLIER.

  • 21 Mai 2020
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    Une étude dont les résultats sont parus en mars 2020 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à évaluer l’intérêt d’une baisse du niveau d’oxygénothérapie au cours du SDRA, pour diminuer l’effet potentiellement délétère d’une Pa O2 élevée.  L’étude a comparé les pratiques habituelles qui consistent à avoir une saturation supérieure à 96% versus une stratégie qui applique les recommandations visant à obtenir une saturation entre 88 et 92% avec une Pa O2 comprise entre 55 et 70 mmHg. L’étude devait inclure plus de 800 malades mais a été interrompue après l’inclusion de 200 malades car l’essai semblait monter un risque supplémentaire dans le bras conservateur.

     

    Hypothèse de départ : une baisse du niveau d’O2 serait bénéfique

    Le professeur Gilles CAPELLIER, chef de service de réanimation médicale au CHU de Besançon, rappelle que l’étude de l’effet toxique d’une PaO2 élevée est un travail de longue haleine, auquel il participe depuis de nombreuses années. C’est pourquoi une démarche spécifique sur le SDRA a été engagée puisque ces patients sont à haut risque d’effets secondaires de l’oxygénothérapie. L’hypothèse de départ est que la diminution des niveaux d’oxygénothérapie pourrait permettre de limiter les effets toxiques de l’oxygène inhalé et améliorerait le pronostic. Il souligne qu’en pratique, les niveaux d’oxygène utilisés sont plus élevés que ceux recommandés par les Sociétés Savantes de Réanimation.

     

    Résultat : une plus grande vigilance sur l’ajustement de l’oxygénothérapie

    Gilles CAPELLIER explique que l’on s’attendait à voir un bénéfice pour le bras conservateur et que l’étude, prévue initialement pour inclure plus de 800 malades, a été interrompue après l’inclusion de 200 sujets car l’essai a montré des résultats opposés à l’hypothèse de départ, avec des signaux de risque élevés dans le bras conservateur. Les résultats sur ces 200 sujets ont apporté la démonstration de l’effet défavorable de la stratégie conservatrice, surtout à 90 jours, les résultats n’ayant pas été significatifs à 28 jours. Gille CAPELLIER conclue donc que, même si on n’a pas démontré d’effet bénéfique en diminuant la saturation, les niveaux très élevés d’oxygénothérapie restent délétères et qu’il faut être vigilant sur l’ajustement des réglages et des alarmes (entre 92 et 98% de saturation) lors de l’administration d’oxygène. Il précise que, comme tout médicament, l’oxygène a une zone de sécurité d’administration.

     

    En conclusion, un changement de stratégie sur l’administration de l’oxygène au cours du SDRA doit être effectué en conservant une oxygénothérapie dans la zone de sécurité qui évite les effets délétères d’un niveau trop bas ou trop haut. Ni trop ni trop peu…

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    JDF