Rhumatologie
Crise de goutte : les AINS aussi efficaces et mieux tolérés que la colchicine
Un traitement AINS, avec une dose de charge, semble aussi efficace sur la douleur que la colchicine et beaucoup mieux toléré, même contre la faible dose. Un changement de pratique est à envisager.
- ThamKC/istock
Dans la première étude randomisée comparant un AINS et la colchicine à faible dose dans la crise de goutte, il n’y a pas eu de différence entre le naproxène et la colchicine à faible dose sur l’évolution de la douleur. Le naproxène est associé à moins d'effets secondaires, avec une moindre utilisation d’analgésiques et il est plus économique.
Ce sont les résultats de l’étude CONTACT (Colchicine Or Naproxen Treatment for ACute gouT), un essai multicentrique ouvert et randomisé comparant un AINS et la colchicine à faible dose sur la douleur de la crise de goutte, qui ont été publiés dans Annals of the Rheumatic Diseases.
Une large étude randomisée
Les généralistes anglais ont recruté 399 adultes souffrant d’une crise de goutte (naproxène n=200, colchicine n=199), dont 349 (87,5%) ont complété l’étude à J7. Il n'y a pas eu de différence significative entre les groupes sur l’évolution des scores moyens de la douleur de J1 à J7 (colchicine vs naproxène : différence moyenne -0,18 ; IC à 95 % -0,53 à 0,17 ; p=0,32).
Par contre, sur la même période, la diarrhée (45,9 % vs 20,0 % ; OR=3,31 ; 2,01 à 5,44) et les céphalées (20,5 % vs 10,7 % ; OR=1,92 ; 1,03 à 3,55) sont plus fréquentes dans le groupe colchicine que dans le groupe naproxène mais la constipation était moins fréquente (4,8 % vs 19,3 % ; OR=0,24 ; 0,11 à 0,54).
Une étude en médecine générale
Des adultes souffrant d’une crise de goutte aiguë ont été recrutés dans 100 cabinets de médecine générale au Royaume-Unis et ont été entre naproxène 750 mg immédiatement, puis 250 mg toutes les 8 heures pendant 7 jours, ou colchicine à faible dose 500 microgrammes trois fois par jour pendant 4 jours.
La co-prescription d'un inhibiteur de la pompe à protons était à la discrétion du médecin généraliste. Les participants qui recevaient par ailleurs une statine ont été avisés d’interrompre la statine pendant le traitement par la colchicine.
Le critère principal était le changement de l'intensité de la douleur la plus intense au cours des 24 dernières heures (échelle d'évaluation numérique de 0 à 10) par rapport à la valeur initiale mesurée quotidiennement au cours des 7 premiers jours : le changement moyen par rapport à la valeur initiale a été comparé entre les groupes du 1er au 7ème jour en intention de traiter.
Intérêt des AINS
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont des traitements efficaces contre les crises de goutte et sont assez bien tolérés en association aux inhibiteurs de la pompe à proton et en l’absence d’insuffisance rénale.
La colchicine à forte dose est efficace, mais elle cause souvent des effets secondaires gastro-intestinaux non-négligeable ce qui fait recommander des doses plus faibles. La faible dose recommandée au Royaume-Uni est de 500 microgrammes deux à quatre fois par jour, cependant, l'efficacité et la tolérance de cette dose n'ont jamais été évaluées.
Dans un essai d'équivalence comparant le naproxène et la prednisolone dans la crise de goutte, la réduction moyenne de la douleur (échelle visuelle analogique de 0 à 100 mm) était de 46 mm avec le naproxène à J4, identique à la réduction moyenne de 4,1 dans cet essai. Il a été démontré qu'une réduction de 2 points sur les échelles de 0 à 10 est cliniquement significative dans le traitement de la douleur chronique.
Une étude randomisée en ville
Il s’agit d’une étude randomisée ouverte, mais réalisée en médecine générale, en ville, dans les conditions générales d’utilisation de ce type de traitement. Il n’y a aucune différence d’évolution de l'intensité de la douleur sur 7 jours entre les personnes ayant une crise de goutte sous naproxène ou sous colchicine à faible dose. Le naproxène cause moins d'effets secondaires que la colchicine à faible dose, en particulier moins de diarrhées, et la consommation associée d’antalgiques est moindre.
En soins primaires pour des raisons d'efficacité, de sécurité et de coût, et en l'absence de contre-indications, le naproxène devrait être utilisé en première intention et avant la colchicine à faible dose. Certains usages peuvent faire associer les AINS et la colchicine à très faible dose, mais il n’y a pas de preuves du bénéfice de cette association. Par contre, en cas de crise sévère, il est possible également de réalisée une infiltration intra-articulaire de corticoïdes.








